Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.400 articles.
29 Mai 2015
"Familles, je vous hais."
André Gide
Il n'en restait que trois....
Il n'en restait que trois quand Guillaume Seznec est rentré du bagne en juillet 1947.
Marie était montée voir ailleurs si les anges n'y étaient pas.
Mais...
Mais ces trois-là ne se fréquentaient pas.
Ils ont accepté de poser pour France Soir sur la photo du Havre à l'arrivée du Paquebot.
Non.
J'aurais dû écrire François Le Her a négocié sec les prix avec France Soir pour la photo....
Parce que son rêve au gros Le Her, c'était de devenir le Public Relation de l'ancien bagnard et de s'en coller plein les fouilles.
C'était l'une des raisons du désaccord de Guillaume pour rester à Kergleuchard.
Car Jeannette, que l'on pense toujours "la pauvrette", elle était d'accord et bien d'accord dans la combine.
Pour preuve, c'est qu'après la mort de son époux, elle a continué, toute seule, comme une grande, à négocier la moindre photo avec la presse.
Jeannette est loin, bien loin de la martyre que nous a décrite cette exaltée de Claude Sylvane.
Elle est diantrement maline, même si parfois elle se ramasse (cf Claude Bal).
Si elle est restée avec Le Her c'est qu'elle avait une raison.
Et pour moi, cette raison est claire (même si je n'en ai pas la preuve) : la famille Seznec avait acheté le témoignage de François Le Her.
Alors il fallait bien garder un oeil sur le témoin.
Qui pouvait rapidement devenir faux....
Le paroxysme de cette mésentente a été atteint lors de la demande de révision portée par Claude Bal en 1955.
Là, les deux frères ont pété les plombs devant la sottise de leur soeur.
Et, entre nous soit dit, il y avait vraiment de quoi.
Ils en ont écrit au Garde des Sceaux (lettre jointe en bas de l'article).
Parce que Jeanne, elle, elle a trouvé malin de se confier à un journaliste de l'A.F.P.
Oui, c'est une affaire où l'on retrouve toujours les mêmes démarches.
Vous avez lu récemment ?
Cela n'aboutit qu'à énerver la magistrature.
Mais il faut croire que, dans cette affaire, l'Histoire se répète indéfiniment.
Et se termine invariablement par un "non" des autorités judicaires concernées.
Jeannette raconte que Petit-Guillaume a fait la guerre (oui, c'est vrai, j'ai vérifié), qu'il a été fait prisonnier (oui, c'est vrai, j'ai vérifié), qu'il s'est échappé (oui, c'est vrai, j'ai vérifié) et que ne pouvant pas regagner Paris, il est venu les rejoindre à Kergleuchard (non, là, j'ai pas vérifié).
Elle était enceinte de Bernard qui est né en 1943.
Admettons.
Cas pas franchement original pour nos vaillants soldats partis au Front et faits prisonniers,
pendant ce temps-là, la Juliette Le Her dûment épousée en 1937, lui avait fait un enfant dans le dos. Si je puis dire...
Et s'était accrochée au bras du frangin : Albert.
Albert n'a jamais reconnu Anne-Thérèse.
Voilà que ça commençait mal pour cette gamine.
Qui aurait (mais alors là très conditionnel) fini par rentrer dans une abbaye près de Ploërmel.
L'abbaye cistercienne "La-Joie-Notre-Dame" de Campénéac ?
Mais revenons aux trois enfants de Guillaume.
Jeanne (Denis a de qui tenir !) a toujours voulu tenir le devant de la scène.
Guillaume et Albert sont restés à l'écart.
Guillaume encore plus qu'Albert.
On peut comprendre qu'il avait besoin de se reconstruire.
D'avoir une vie saine.
Avec femme et enfants.
Loin de la tourmente des Palais de Justice.
Loin des troubles psy de cette famille déséquilibrée (*).
C'est ce qu'il a fait.
Et, entre nous, il l'a fait, il l'a bien fait.
Et il a eu raison.
Liliane Langellier
(*) Je ne traiterai pas ici des troubles de François Le Her. Michel Keriel en a longuement parlé dans son livre "Autour de Seznec" publié en 1999. Et réédité récemment chez l'éditeur "Le Manuscrit".
Un livre indispensable pour prendre connaissance des interrogatoires du Juge Sultana de Brest après l'assassinat de François Le Her, le 11 octobre 1948.
Je rappelle qu'Albert Seznec s'est suicidé le 6 avril 1965.
Et Bernard Le Her le 30 décembre 1994 (soit 8 mois après la mort de sa mère Jeanne). Et non en 1996, comme indiqué sur le Wikipedia de Denis Seznec !
P.S. Concernant les 14 demandes de révision, j'avais écrit un long article sur mon blog Mediapart.