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La Petite Journaliste de Seznec

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.

Mon avis à ce jour sur l'affaire Seznec...

Pour être simple, il faut beaucoup apprendre.
Olga Sedakova

Le regretté Alain Delame...

M'écrivait régulièrement que l'affaire Seznec était "une affaire toute simple".

Je le pense aussi.

Guillaume Seznec était un magouilleur.

Il tentait de tirer argent de tout.

Il magouillait plus particulièrement avec les voitures.

Qu'il réparait et revendait.

Mais pas que...

En 1919, les Américains quittent le camp de Pontanézen en laissant derrière eux des tonnes de marchandises.

Des couvertures de laine, des armes, des machines à écrire, tout ce dont l'intendance d'une armée a besoin.

Pour assurer sa victoire.

Seznec a acquis des lots de ces marchandises, parfois légalement, parfois illégalement.

On a désormais la preuve écrite (P.V. ci-dessous) qu'il a tenté de cacher l'une de ses voitures américaines achetée à Paris (ou à Saint-Nazaire).

Il y a un tel scandale dans ce pillage des stocks américains, que Charles Scherdlin, procureur, va mener rondement l'affaire.

Scherdlin, retenez bien ce nom.

On sait aussi que Guillaume Seznec possédait une Cadillac.

Le 25 octobre 1922...

Après avoir, à court d'argent, tenté de la revendre.

Il la refile finalement à Pierre Quémeneur, conseiller général de Sizun, en gage contre le prêt d'une somme de 15.000 francs en espèces.

Jeudi 25 janvier. Trois mois s’étant écoulés depuis le 25 octobre 1922, la Cadillac de Guillaume Seznec devient la propriété de Pierre Quémeneur, selon les termes de leur accord, car Seznec n’a pas encore remboursé son emprunt de 15.000 francs (

Ce prêt lui aurait-il donné à ce moment précis l'envie d'aller plus loin ?

Pensait-il avoir trouvé là le faisan idéal ?

Toujours est-il qu'il monte de toutes pièces une entourloupe visant l'achat d'automobiles américaines destinées à la Russie.

A une époque où la France peut commercer en toute légalité avec la Russie.

Peu de temps auparavant...

En juin 1920, le garage Huitric, son voisin morlaisien, fait arrêter pour vol un Américain et sa compagne.

L'affaire concerne justement une Cadillac.

Et, Mme Azzimati s'adresse à un attaché au service judiciaire des Etats-Unis qui possède encore du papier à en-tête de l'administration, pour confectionner une fausse levée d'écrou.

On a donc ici, deux bases du bobard de Seznec :

- le nom du procureur Scherdlin d'une part,

- et l'arnaque du papier à en tête de l'administration américaine, d'autre part.

Reste à tout mettre d'aplomb pour rouler Pierre Quémeneur dans la farine.

Elaborer de faux courriers à l'en-tête de la Chambre de Commerce américaine.

Imaginer un voyage à Paris pour aller rencontrer un certain Américain nommé "Scherdlin" et lui verser l'argent en avance d'une opération d'achats de Cadillac.

Scherdlin, qui, au fil des nombreux mensonges de Seznec deviendra Cherdley, puis Charly.

1923.

Il n'y a plus du tout de trafic de Cadillac.

Le parc du Champ de Mars est fermé depuis février 1922.

Mais qu'importe !

Pourquoi ne pas tenter, cette fois, d'acquérir la propriété de Traou-Nez en Plourivo que Quémeneur souhaite justement vendre.

Et inventer, pour ce faire, une cassette de dollars or gagnés à la blanchisserie de Brest.

Le voyage Morlaix/Paris/Morlaix est facile à suivre dans la presse de l'époque où Guillaume Seznec lui-même n'est pas avare de renseignements.

Et où on a pu retrouver les témoins sur les différents lieux de passage.

Départ pour Guillaume Seznec le jeudi 24 mai 1923.

Retour au petit matin du lundi 28 mai 1923.

Seul.

[Sans aucun doute avec la valise de Quémeneur].

Les témoins le prouvent.

Ils les ont bien vu partir à deux.

Puis on l'a brusquement retrouvé tout seul.

Au milieu de nulle part...

Ne pouvant justifier sa consommation excessive d'essence.

Guillaume Seznec prétendra qu'il a déposé Pierre Quémeneur à la gare de Dreux.

Puis à la gare de Houdan.

Seulement voilà, aucun horaire de chemins de fer ne correspond à sa version des faits.

Dès le mardi 29 mai, la famille de Pierre Quémeneur s'inquiète, car, il devait assister à la noce de Perrine Jestin, sa nièce.

A partir de là va s'élaborer peu à peu entre les deux époux Seznec un énorme bobard machiavélique de dollars, d'acte de vente de Traou Nez, etc...

Pour consolider ce bobard, Seznec file le 2 juin à Paris sous prétexte de rechercher Quémeneur.

En vain, bien sûr.

Dès le 10 juin, Me Jean Pouliquen, le beau-frère notaire de Pierre Quémeneur, n'y tenant plus, traîne Seznec jusqu'à la 13e brigade régionale de police judiciaire de Rennes.

C'est à ce moment précis...

Que Seznec perd la tête.

Auprès de qui prend-t-il conseil ???

Auprès de Julien Legrand, l'ancien maire de Landerneau ?

Qui, alité par une très grave maladie, s'ennuie ferme.

Et trouve là un moyen de se distraire...

Auprès de ce taré de morlaisien André de Jaegher ???

Et voilà que...

Le 13 juin, Seznec file au Havre, aux yeux de tous, acheter une machine à écrire.

Il envoie un télégramme faussement signé Pierre Quémeneur pour rassurer sa famille.

Si Chenouard, le marchand havrais, et ses employés, n'avaient pas reconnu Guillaume Seznec, le bobard passait crème.

Le 20 juin, Guillaume Seznec dépose lui-même, après l'avoir trempée dans l'eau de mer, la valise du conseiller général en gare du Havre.

C'est alors que l'affaire éclate.

Le jeudi 28 juin 1923...

Guillaume Seznec est convoqué à la Sûreté Générale de la rue des Saussaies.

Par le commissaire Achille Vidal.

Le juge Binet émet un mandat d'arrêt à son égard le 30 juin 1923.

Après une enquête menée de main de maître par Jean-Baptiste Cunat à Rennes et Achille Vidal et ses sbires à Paris...

L'instruction du juge Campion démarre le 9 juillet 1923.

Lors du procès défileront 148 témoins (dont 43 policiers)...

Du 24 octobre au 4 novembre 1924...

Guillaume Seznec est condamné par la cour d'Assises de Quimper aux travaux forcés à perpétuité.

Pour faux et assassinat.

Il ne reverra la France que le 1er juillet 1947.

Après 20 ans de bagne (7 avril 1927/1er juillet 1947).

...........................

Voilà.

C'est mon 801e article de blog sur l'affaire Seznec.

Je crois que je peux dire désormais que je connais bien cette affaire.

Je pense que Guillaume Seznec et Pierre Quémeneur, énervés et fatigués par les pannes de la voiture, et, passablement alcoolisés, se seraient battus dans cette sale nuit de mai...

Et que Seznec aurait tué le conseiller général...

Quelque part entre Houdan et La Queue-Les-Yvelines.

Avec son cric ou avec son pistolet.

 

Dessin Gilles Pascal pour France 2.

 

Et qu'il aurait alors balancé le cadavre dans l'un des profonds étangs de Gambais.

Que Landru connaissait si bien.

Et dont on avait tant parlé dans la presse de 1921.

Je pense aussi (et là, je ne suis pas la seule) qu'il a fabriqué de toutes pièces les fausses promesses de vente de la propriété de Traou Nez en Plourivo.

Avec la machine à écrire du Havre.

Pour se l'approprier.

Et aussi les curieuses mentions sur le carnet de dépenses de Quémeneur.

Dans ce long chemin de 30 années (1992/2022)...

Trois seuls auteurs ont trouvé et trouvent encore aujourd'hui grâce à mes yeux :

L'avocat Denis Langlois parce que c'est un homme honnête, qui se bat pour de justes causes.

Le journaliste Bernez Rouz parce qu'il a regardé l'affaire autrement avec de nouvelles preuves. 

Et l'historien Michel Pierre qui a su si bien nous relater un à un tous les vains combats successifs de la famille Seznec et de leurs soutiens pour réhabiliter leur bagnard..

Les blogs de L'affaire Seznec revisitée et de Marc du Ryez m'ont été également d'une grande aide.

Tout le reste n'est que vaines sottises et totale improbabilité.

Sicut dixit.

 

Liliane Langellier

 

P.S. il est bien entendu que j'attends avec impatience le centenaire de l'affaire Seznec...

Pour savoir si de nouvelles archives vont s'ouvrir au public.

Ce qui nous permettra d'y voir plus clair.

 

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