Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Michel Pierre et l'affaire Seznec (2)

Pour des raisons familiales…

 

La conférence de Michel Pierre,

initialement prévue mercredi prochain à Saint-Martin-de-Ré,

sera reportée à octobre.

Juste avant la sortie de son livre.

………………..

 

 

J'avais interviewé Michel Pierre pour cette conférence.

A lire ci-dessous :

 

 

1/ Quand avez-vous entendu parler de l’affaire Seznec pour la toute première fois ?

 

            Étant breton, dans un contexte familial, dans les années 1960 puis, bien plus tard, travaillant sur le bagne de Guyane, j’ai recroisé le nom et le dossier.

 

 

 

 2/ Et vous, qu’en avez-vous pensé à ce moment précis ?

           

            Rien de très particulier si ce n’est que je trouvais cette histoire si compliquée que je ne souhaitais pas trop m’en approcher, son aspect médiatique me gênait et j’avais l’impression de quelque chose de totalement irrationnel.

 

 

3/ Quel personnage de Guillaume Seznec vos recherches sur le bagne ont-elles permis de dessiner ?

 

            Je me suis rendu en Guyane, une première fois à l’été 1979, et comme historien j’ai cherché à rencontrer d’ultimes survivants du bagne. Deux d’entre eux (sur quatre) m’ont parlé de Seznec sans que je les sollicite et ce qu’ils m’ont dit n’allait pas franchement dans le sens d’une erreur judiciaire. Dans le même sens, des années plus tard, Yves Boisset allant tourner son téléfilm sur l’affaire Seznec aura la même expérience. Puis en 2000, j’ai rencontré à Nantes, un médecin qui était à Saint-Laurent-du-Maroni en 1945 et qui avait soigné Seznec après une rixe, il n’allait pas non plus, dans le sens d’un innocent condamné.

 

            Mais je me méfie beaucoup de ce genre de témoignages et je préfère réfléchir sur les archives et les documents écrits. Le dossier de Guillaume Seznec conservé aux archives d’outre-mer à Aix-en-Provence est tout aussi intéressant de même que les archives de la Ligue des Droits de l’Homme ou une analyse de la presse depuis bientôt un siècle et, bien évidemment, les pièces du procès, la personnalité du juge Hervé et de l’incroyable cohorte que constitue Maurice Privat, Claude Sylvane, Claude Bal et, bien plus tard,  Marcel Jullian qu’on imagine mal dans cette liste.

 

            J’ajoute qu’ayant travaillé sur la guerre froide et connaissant un peu l’histoire de la Russie soviétique, l’hypothèse d’un « trafic » de voitures vers l’URSS en 1923 depuis la France est d’une extravagance totale. Dans le même ordre d’idées, celles d’une affaire d’État et d’une machination policière relèvent  de l’absurde. Quant à Pierre Bonny, pourquoi le faire surgir en épouvantail, vingt ans avant ses crimes ? Lorsqu’on y réfléchit, c’est assez inquiétant d’un point de vue moral et philosophique. C’est la logique de tout procès de régime totalitaire qui vous désigne coupable en considérant que vous l’êtes depuis toujours.

 

 

 

4/ De quelle hypothèse sur cette affaire, vous sentez-vous le plus proche actuellement ?

 

            Celle du procès de 1924 et des attendus de la Cour criminelle de la Chambre de cassation de 2006 qui rassurent sur l’indépendance de la justice par rapport aux souhaits démagogiques de certains ministres.

            Après tout, les jurés ont considéré qu’un crime sans cadavre, sans arme du crime et sans témoin  pouvait relever de la définition du crime parfait stupidement suivi de faux et usages de faux. Des faux que personne ne contestent plus sérieusement aujourd’hui sauf quelques adeptes des théories de complots ourdis dans la pénombre d’officines douteuses. Mais nous ne sommes plus alors sur le terrain de l’historien, si ce n’est de comprendre comment et pourquoi ce type de théories arrivent encore à perdurer de nos jours.

 

 

 

5/ Que pensez-vous de la dernière version des fils de Petit-Guillaume, Jean-Yves et Gabriel Seznec ?

           

            Je l’avais lu dans le livre du juge Jean Favard en 2011 selon un témoignage de Denis Langlois. C’est intéressant de ce qu’elle peut refléter de souvenirs d’enfance de Petit-Guillaume mais j’ai du mal à imaginer Pierre Quéméneur revenir, en plein dimanche matin du mois de mai, tenter d’en vouloir à la vertu de Madame Seznec avec autant de personnes présentes à Traon-ar-Velin. Pour un homme intime du couple et fréquentant souvent la scierie, c’est un moment étrange pour tenter sa chance.

 

 

 

6/ Quelles sources allez-vous privilégier pour votre futur livre ?

 

            Les archives déjà évoquées mais je fais aussi appel à vos recherches qui sont une source exceptionnelle, à l’intégralité de la presse et aux ouvrages écrits sur le sujet, en particulier le travail déjà effectué par Bernez Rouz. Je reprends aussi les pièces du procès et un certain nombre de dossiers conservés aux archives nationales. Je réalise aussi un certain nombre d’entretiens et, surtout, j’essaie de replacer cette affaire dans un contexte plus large et qui évolue. Songez que tout commence avec des gendarmes à cheval et se continue de nos jours avec internet et les réseaux sociaux. 

 

 

  

 

7/ Alors, pour vous, Seznec, coupable ou non coupable ?

 

            Les coupables ce sont toutes celles et tous ceux qui ont fait de ce fait-divers rural une cause à défendre aussi estimable que de vrais cas d’erreurs judiciaires. Le parallèle souvent entendu avec l’affaire Dreyfus est  monstrueux. Par contre, ce qui est intéressant est de démonter le mécanisme qui a fait croire un certain nombre d’absurdités à l’opinion publique en général et à la Bretagne en particulier. Pour le reste, je n’ai aucune raison de mettre en cause le jugement de 1924 ni sur la tentative de révision  récusée en 2006.

 

 

 

 

Lire aussi sur ce blog : Michel Pierre et l'affaire Seznec (1)

Michel Pierre et l'affaire Seznec (2)
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article