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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.200 articles.

Affaire Seznec. Dimanche 10 juin 1923... Le jour où... Guillaume Seznec parle pour la première fois d'un trafic de Cadillac

La première fois c’est une erreur, la seconde c’est qu’on le fait exprès.
Proverbe chinois

C'est important les toutes premières fois...

Très important...

Car ce n'est pas encore souillé par des interventions extérieures.

Quelle est donc la toute première fois où Guillaume Seznec a prononcé le mot "Cadillac" ???

Remettons-nous dans le contexte...

Dimanche 10 juin 1923...

Cela fait deux semaines que Pierre Quémeneur a disparu...

Inquiets de rester sans nouvelles de leur parent...

Au tout petit matin Jean Pouliquen, le beau-frère, et Louis Quémeneur, le frère, quittent Landerneau pour Morlaix. 

Ils arrivent à Morlaix vers 6 h 30.

Landerneau - Morlaix : 39 km

Seznec est encore couché.

C'est la bonne Angèle Labigou qui le prévient.

A 7 heures, Seznec et sa femme les rejoignent.

"Le dimanche suivant, le 10 juin, c'est Me Pouliquen qui débarque à son tour. Petit, un peu rond, la parole solennelle. Il est accompagné de Louis, le frère de Quémeneur, un paysan endimanché dont le costume démodé contraste avec le complet bien coupé du notaire.

- Nous venons pour avoir des nouvelles de Pierre !

Seznec répète ce qu'il a dit à Jenny. Me Pouliquen insiste."

in Denis Langlois "Pour en finir avec l'affaire Seznec", en page 27.

Une fois le gars Seznec réveillé et sur pied...

Pouliquen l'accable de questions...

Pour en savoir plus sur le voyage fatal.

"Je fis remarquer à Seznec combien un silence aussi prolongé me rendait inquiet sur le sort de M. Quemeneur et je l'invitais à me raconter en détail le but de leur voyage à Paris, où et comment il avait quitté mon beau-frère.

Il me fit savoir que mon beau-frère et lui étaient allés à Paris pour traiter un marché d'automobiles Cadillac  ; que le gouvernement américain, voulant faire rentrer toutes les voitures de cette marque dans le but de ravitailler les soviets, avait chargé un de ses agents à Paris de s'occuper de cette affaire  ; que mon beau-frère avait été par son intermédiaire en relation avec cet agent qui leur avait promis moyennant une commission de deux mille francs par voiture la totalité de ce marché pour la France entière.

Toutes les voitures en état de marche devaient être payées au prix uniforme de trente mille francs chacune. Les voitures devaient être livrées par série de cinq et la première livraison devait avoir lieu le 2 juin. Seznec devait parcourir la France entière pour rechercher ces voitures et mon beau-frère devait s'occuper uniquement de la livraison à Paris. Voilà ce que je tirais de Seznec sur l'affaire en question.

La voiture Cadillac que Seznec avait déposée à Landerneau devait faire partie de la première livraison et c'est pourquoi elle avait été retirée du garage dès le 23 mai et ramenée par Seznec à Morlaix. En revenant de Brest le 22 mai, ils avaient passé par Lesneven où ils s'étaient assurés d'une autre voiture Cadillac."

in Bernez Rouz (la primo enquête de Me Pouliquen) en page 84.

C'est amusant, de prendre la version de Denis Seznec en pages 107/108 :

"Le 10 juin, deux nouveaux visiteurs se présentent à la scierie : Louis, le frère de Quemeneur, et Me Pouliquen, le beau-frère du conseiller. Seznec est en plein travail quand il les reçoit.

Jusqu'ici, il a très peu eu l'occasion de fréquenter ces deux hommes. Il les connait surtout par ouï-dire. Le notaire de Pont-L'Abbé a beau jouer les avantageux, il jouit d'une assez mauvaise réputation dans le pays - on lui reproche d'avoir fait acheter des marks polonais à ses clients en leur faisant miroiter des bénéfices mirobolants... alors que leur cours s'est très vite effondré, causant la ruine des petits épargnants trop crédules. Quemeneur non plus ne paraît pas apprécier outre mesure cet ancien clerc qui a eu la bonne fortune d'épouser sa soeur Marie-Anne il y a trois ans et qu'il a fallu aider à acquérir une étude, standing familial oblige. Que le notaire ne montre aucun empressement à rembourser sa dette n'arrange pas les choses... Quant à Louis, le régisseur de Traou-Nez, il ressemble un peu à son frère, mais comme une ébauche, avec des traits plus grossiers et une paupière droite agitée de tics. C'est un personnage taciturne, réputé buveur, qui vit dans l'ombre du grand homme de la famille et, pour tout dire, plutôt à ses crochets.

Les visiteurs demandent s'il y a des nouvelles du conseiller général..."

C'est hallucinant, non ?

Je vous l'ai dit...

Descendre et salir les autres, tous les autres, pour blanchir son grand-père !

C'est Claude Bal, en page 5, qui accuse Louis Quémeneur d'alcoolisme :

"A Traou-Nez, il s'occupe de l'abattage de bois, dont Pierre lui abandonne la recette. Cette ressource, additionnée des libéralités de son frère, lui permet de s'adonner à la boisson. La quantité d'alcool qu'il absorbe, avec une étonnante régularité, est un sujet de conversation dans le pays, et parfois d'admiration.

Louis appuie avec véhémence les dires de Pouliquen qui, d'ailleurs, ne souffrirait pas la moindre contradiction."

SaintOp démentira publiquement l'alcoolisme de Louis Quémeneur sur le forum de Marylise Lebranchu, en janvier 2007.

Guillaume Seznec, lui, il a eu 15  grands jours pour peaufiner son mensonge.

C'est sans doute à cause de cette visite...

Que sa femme a la brillante idée des fausses promesses de vente et de l'achat de la machine à écrire au Havre.

Car, oui, cela devient urgent...

Les membres de la famille Quémeneur ne vont pas croire longtemps aux fables du maître de scierie...

La preuve...

Le soir-même du dimanche 10 juin...

Ils décident de partir en urgence pour Rennes.

Porter plainte à la brigade régionale de police mobile, suivant le conseil du commissaire de Landerneau.

Dès le lundi 11 juin, ils vont décider de se rendre à Paris...

Mais, ça, c'est un tout autre chapitre de notre histoire.

Contrairement aux Seznec...

Qui se sont répandus dans tous les journaux en jérémiades...

Ouest-Eclair du 30 juin 1923

La famille Pouliquen-Quemeneur fera preuve de beaucoup de retenue et ne s'exprimera que très rarement dans la presse.

Cette journée du 10 juin a été évoquée par Marie-Jeanne Seznec dans L'Ouest-Eclair du 8 décembre 1923 :

" Je désirerais, dit-elle, être confrontée non seulement avec Mlle Quémeneur, mais avec M. Pouliquen et M. Quémeneur, de Plourivo. Tous deux ont fait, à l'instruction, des déclarations erronées. M. Pouliquen, notaire à Pont-l'Abbé, est venu avec M. Quémeneur, frère, habitant Plourivo. Ils arrivèrent avec une auto de louage à 6 h. 30. Seznec n'était pas encore levé. C'est Angèle qui ouvrit. Je suis descendue, j'ai fait le café, que j'ai servi en attendant que mon mari soit descendu. On a parlé, comme de juste, de Quémeneur et de l'affaire des autos. J'ai rappelé que Quémeneur avait dit à M. Seznec qu'il n'avait pas beaucoup d'argent liquide à avancer, mais qu'il avait bien sa Cadillac valant 30.000 fr."

Vous remarquerez qu'elle dit "l'affaire des autos"...

Et non l'affaire de Cadillac.

Me Vincent de Moro-Giafferi vient de passer par là.

Quel fut d'ailleurs le réel contenu du seul long entretien (il l'avait vu en coup de vent le 15 juillet au dépôt) du célèbrissime avocat avec Guillaume Seznec en ce début décembre 1923 ????

Le Matin du 16 juillet 1923

Denis Seznec en parle en page 168 :

"Quand mon grand-père commence à évoquer le trafic des Cadillac, l'avocat parisien l'arrête aussitôt d'un geste péremptoire :

- Surtout, évitez de parler de toutes ces histoires de stocks américains, de trafics de voitures ! Ces combines feraient mauvais effet sur le jury. Dites que vous ne savez pas grand chose, que vous n'étiez pas au courant, pour ce Cherdy, ces transactions."

Vous remarquerez aussi, dans l'article reproduit ci-dessus, que Marie-Jeanne, elle, elle ose apostropher la famille Pouliquen/Quemeneur...

En leur disant qu'ils se sont trompés dans leurs déclarations...

Sacré aplomb !

Sacré culot !

 

Liliane Langellier

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