18 Mars 2020
Nulle raison ne pourrait justifier le mensonge.
Anton Tchekhov
Lettre - 2 janvier 1900
Après avoir perdu notre temps dans les dédales de l'A.R.A. (American Relief Administration) et du F.B.I. (Federal Bureau of Investigation)...
Pour la future parution (fin avril, début mai ???) d'un très mauvais dernier ouvrage sur l'affaire….
Il est l'heure de revenir sagement à notre affaire Seznec.
Une affaire entre Bretons...
Qui s'est déroulée en Bretagne.
Le 16 août 1925...
Guillaume Seznec écrit une lettre pressante à son épouse Marie-Jeanne.
Il est au dépôt de Saint-Martin-de-Ré...
Le lendemain du 15 août...
Guillaume Seznec a été condamné au bagne à perpétuité le 4 novembre 1924.
La maison de Traon ar Velin a été vendue le 27 décembre 1924.
Marie-Jeanne habite une pauvre maison à Garlan.
Mais sa foi en son mari ne faiblit pas.
J'en profite pour vous rappeler ici le remarquable article d'Alain Delame sur ce blog :
Elle a très bien compris que seul un fait nouveau peut empêcher le départ de son Guillaume pour la Guyane.
Elle recherche donc comme une malade tous les faits nouveaux qui pourraient permettre à son homme de ne pas quitter la France pour la Guyane.
Elle a déjà vainement évoqué Mme Petit et un certain Guyoton.
J'ai du mal avec cette Madame Petit.
Alors, une fois n'est pas coutume, je suis allée lire chez Catherine Clausse :
LA MYSTERIEUSE "Mme PETIT".
Témoin de survie de Pierre Quemener :
Elle était venue à Morlaix afin de dire à la famille Seznec le 4 novembre 1924, qu'elle avait vu le conseiller général, à Paris, le 26 mai 1923. Et les magistrats de conclure "Mais attendu que lors de son audition en 1926, Madame Petit, dont l'inconnue avait donné l'adresse et précisé certains faits véridiques de sa vie, a déclaré n'être jamais allée en Bretagne et ne connaître aucune des familles Seznec ou Quémeneur" Après vérification, il s'avère que cette Mme Petit s'appelle en réalité Joséphine Reine PETIT-JACQUES. Que dans la rue Jean-Jacques Rousseau, pour l'époque, il n'y avait pas de numéro de rue, néanmoins, il y avait une quinzaine de maisons. Que celle-ci est née le 23 janvier 1884, qu'en 1910, elle épouse un dénommé JOYEUX dont elle divorcera en 1917. Elle se remaria en mai 1929 avec Charles LAMAND. Son décès : février 1953. Une voisine de cette dame l'ayant très bien connue, confirmera que c'est bien elle sur la photo datant de 1926 que nous lui présentons. De même que Marie Jeanne SEZNEC et Angèle LABIGOU, la reconnurent elles-mêmes sur cette même photo. On ne comprend pas très bien comment elles auraient pu inventer l'histoire de cette femme, demeurant à plus de 500 kms, venue leur dire qu'elle avait vu Pierre QUEMENER ce jour-là...A moins, qu'à elle aussi, on ait fait des pressions...Pas de Mme Petit-Jacques dans cette rue...mais un inspecteur de la Sûreté à Paris, un certain Sudre, demeurait là..."
Puis, je suis revenue chez Denis Seznec en page 278 :
"Dès le lendemain de la visite, le 5 novembre 1924, Emile Petitcolas (le beau-frère de Seznec) écrit à Me Kahn pour lui annoncer la venue de cette Mme Petit à son cabinet. Il lui précise que cette dame "a expliqué à Mme Seznec, avec des détails, que le 26 mai elle avait passé deux heures et demie avec Quemeneur. Comme elle croyait à un acquittement elle n'avait pas voulu en parler à l'instruction parce qu'à l'époque elle était mariée." Aucune nouvelle de cette dame Petit, Me Kahn finit par demander une enquête."
Lettre de Marie-Jeanne du 16 mai 1926
après requête du 19 avril 1926.
in archives Me Denis Langlois
En 1925, Jean Guyoton écrit du Maroc où il est légionnaire. Il s'adresse au parquet de Quimper et à Marie-Jeanne Seznec qui donne foi à ces informations et introduit une première demande en révision. Renseignements pris, ce légionnaire, Guyoton fut interné à l'asile Saint-Athanase de Quimper du 19 octobre 1923 au 14 mai 1924. A cette époque deux pensionnaires de l'établissement se nommaient Quéméneur, mais ils n'avaient rien de commun avec le conseiller général. Mme Seznec prétendit alors qu'il était interné sous le nom de Camille Lepage, ce qui lui valut un démenti du directeur de l'asile : "M. Quéméneur ne fut jamais admis dans l'établissement que je dirige ni sous le nom de Lepage, ni sous son propre nom. C'est bien net"
In Bernez Rouz en page 190.
Les deux premières tentatives de demandes de révision ont échoué...
Alors Guillaume Seznec va tenter le tout pour le tout.
"Je suis absolument sure que Cherdy existe ou du moins existait a Paris et je puis le prouver, ce que la police n'a jamais pu ou du moins n'a pas voulu découvrir."
Il ne parle pas là de "Charly" mais de "Cherdy"...
Capisce ?
Archive personnelle
"il pourrait peut-être faire jaillir quelques éclaircissements…"
C'est bel et bien le Café Au Tambour que Seznec cite.
Il le connaît, pardi, car c'est bien lui qui a trafiqué dans les bagnoles.
Et plus particulièrement dans les Cadillac.
Oui, ce n'est pas Pierre Quémeneur qui achetait et revendait des Cadillac.
Mais bien Guillaume Seznec.
C'est un fait incontournable.
Aller contre, c'est trahir l'affaire Seznec.
Avec Gherdi...
C'est la toute première fois que Marie-Jeanne se sert de la presse pour défendre sa cause.
"Marie-Jeanne adresse une nouvelle requête en révision le 6 avril 1926. Et comme elle a appris à manoeuvrer pour "aider" la magistrature à faire son devoir, elle prévient la presse."
in Denis Seznec page 300.
Toutes ces critiques non fondées sont juste insupportables.
La police et la justice ont bien fait leur boulot dans l'affaire Seznec.
Ils ont interrogé Mme Petit et Gherdi.
Alors, les délires en roue libre de quelques exaltés....
Oui, Mme Petit et Gherdi ont bel et bien été auditionnés en juin 1926.
Il me semble judicieux quand on traite d'une affaire criminelle...
D'écouter d'abord ce que le présumé criminel veut bien nous dire...
Et, ici, notre présumé criminel l'a bel et bien dit...
L'Américain...
Ce n'était ni Leon George Turrou, ni Kearney, ni Ackerman...
Mais tout simplement...
Gherdi !
Liliane Langellier
P.S. Merci à toutes et à tous...
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Pour 336 articles.