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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Affaire Seznec : 25 mai 1923 : date réelle ou date supposée de la disparition de Pierre Quémeneur ?

Montant à l'échafaud...
Avinain s'écria : "N'avouez jamais !"

On est fin juin 1923...

Mettons-nous un instant dans la peau du lecteur finistérien de base...

Que lui ont raconté ses journaux ???

La presse, seul média à l'époque à pouvoir informer le peuple.

Ses journaux lui ont raconté ce que Guillaume Seznec a raconté.

Qu'il avait déposé Pierre Quéméneur à la gare de Dreux le vendredi 25 mai 1923 au soir.

Et ce que la soeur de Quemeneur, Jenny, a précisé : elle l'a vu pour la dernière fois le jeudi  24 mai au matin.

Ses journaux lui ont raconté que l'affaire Seznec était un curieux mélange de l'affaire Cadiou et de l'affaire Landru...

Entre Morlaix et Gambais...

"Abstraction faite, bien entendu, des personnages qui n’ont aucun rapport commun, l’affaire Seznec s’apparente singulièrement à l’affaire Landru." in Le Gaulois du 23 octobre 1924.

"Malgré le silence absolu de la sœur de M. Quemeneur, conseiller général du Finistère, qui a disparu depuis un mois, il n’est question à Brest, Morlaix et Landerneau que de cette affaire qui rappelle, par certains côtés, celle de l’industriel Cadiou." in Le Matin du 25 juin 1923.

Ses journaux lui ont raconté une histoire que le couple Seznec avait eu le temps de concocter soigneusement entre le lundi 28 mai et le jeudi 28 juin 1923.

Beaucoup l'ont crue.

Certains sont restés méfiants.

Voilà, ci-dessous, ce que notre lecteur finistérien a pu découvrir...

Ouest-Eclair du 26 juin 1923

La Dépêche de Brest du 24 juin 1923

La Dépêche de Brest du 25 juin 1923

L'Eclaireur du Finistère du samedi 30 juin 1923

 

Le Petit Breton du 1er juillet 1923

Le Petit Breton du 7 juillet 1923

Le Nouvelliste de Bretagne du 26 juin 1923

 

Le Finistère du 30 juin 1923

 

Le Cri du Peuple du 7 juillet 1923

"Seznec est une victime insinuent les feuilles de sacristie...

Le dernier numéro du Petit Breton prend nettement parti pour M. Seznec qu'il a interviewé avec une complaisance sans limites.

Parlant des propos de l'associé de M. Quéméneur le journal des renégats du Sillon conclut : 

"Ces déclarations qui ont été énoncées avec une force singulièrement convaincante, M. Seznec les renouvellera devant la Sûreté Générale."

De son côté Le Militant de samedi dernier se plaint que "des gens qui affectent de ne pas croire aux mystères de la religion, se chargent de créer des mystères d'un autre ordre et d'embrouiller à plaisir même les affaires les moins compliquées..."

Bravo pour moins compliquées !

"En attendant - ajoute la pieuse feuille - nous engageons nos concitoyens à dormir tranquilles, et à ne pas oublier dans leurs prières l'âme du disparu."

L'âme est disparue. Brestois, ce n'est rien, dormez tranquilles, et vous, policiers, laissez M. Seznec en paix.

C'est à ne pas y croire. Quand on pense que le Militant dit tout cela pour arriver, comme on le voit, à se plaindre que M. Seznec soit inquiété. 

Le Nouvelliste est du même avis, nous déclare le Militant.

Voilà donc trois journaux d'accord pour innocenter M. Seznec, qu'on ose interroger, puis écrouer, peut-être condamner.

Nous nous garderons bien, au Cri du Peuple de prendre position dans cette affaire, mais nous nous demandions quelle raison pouvait bien pousser les trois feuilles de sacristie à prendre une telle attitude !

Quelle raison ! C'est la grande presse qui nous l'apporte, en relatant les propos que voici, tenus par M. Marc, beau-frère de M. Seznec :

M. Marc s'est montré fort sévère à l'égard de son beau-frère qu'il croit capable des pires méfaits, sauf d'un crime, à son avis, M. Seznec est trop croyant pour cela. Et M. Marc de raconter que Seznec hante les églises."

M. Seznec est un croyant, il hante les églises. Vous voyez maintenant, amis lecteurs, pourquoi aux dires de feuilles de sacristie, ses déclarations sont singulièrement convaincantes et pourquoi il est regrettable qu'il soit sous les verrous.  

Quand on se rappelle que le pauvre Quéméneur était un ami de ces messieurs, on en arrive à convenir que s'il avait été leur adversaire politique, nos cléricaux en seraient certainement arrivés à insinuer que c'est Quéméneur qui a assassiné Seznec..."

 

Le Citoyen du 28 juin 1923

 

Le Citoyen du 5 juillet 1923

La Résistance du 30 juin 1923

En Eure-et-Loir, la presse locale s'y met aussi :

L'Action Républicaine du 4 juillet 1923

"Le 25 mai au matin, M. Quémeneur, partait en automobile avec M. Seznec, pour se rendre à Paris..."

La presse nationale enquille dès le 25 juin :

Le Matin du 25 juin 1923

Le Petit Parisien du 28 juin 1923

 

La Croix du 27 juin 1923

 

Le Petit Journal du 27 juin 1923

L'Action Française du 1er juillet 1923

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J'ai été très très surprise par l'article du Cri du Peuple...

Je suis donc allée lire plus loin...

Plus un mot sur l'affaire Seznec jusqu'à la condamnation du 4 novembre 1924.

Et, là, un  remarquable article de José Leconte en date du 8 novembre 1924 :

 

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Et notre date du vendredi 25 mai 1923 me direz-vous ?

Oui, c'est bien la date officielle de la disparition de Pierre Quémeneur.

Attention...

Je ne doute pas un seul instant que Bernard Le Her soit venu voir Me Denis Langlois avec un enregistrement de Petit Guillaume début janvier 1978...

Je ne doute pas non plus que Petit Guillaume ait transmis ces révélations à ses deux fils Jean-Yves et Gabriel...

Ce sont des révélations dont je doute.

C'est d'un retour inopiné à Morlaix du conseiller Quémeneur le dimanche 27 mai au matin dont je doute.

Et puis...

Petit Guillaume a trop réponse à tout.

Et, là, il a battu en mythos tous les autres membres de la famille Seznec. Qui sont pourtant doués, très doués, sur le sujet.

Pour se protéger du crime de son père, il s'est inventé tout un autre monde...

Un autre monde où son père reprend un noble rôle et où sa mère est une victime !

S'il était si sûr de lui, pourquoi n'a-t-il pas bougé juste après la mort de sa mère en mai 1931 ?

Et même plus tard ?

Avec son histoire en bandoulière, il a dégainé pour se venger de Denis Seznec et de sa soeur Jeanne.

Mais à quoi tout cela a-t-il servi si ce n'est d'embrouiller encore un peu plus une affaire qui l'est déjà bien suffisamment.

Et qui n'avait certes pas besoin d'une nouvelle version.

 

Liliane Langellier

Le Petit Breton du 2 novembre 1924

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