5 Décembre 2024
Le médecin voit l'homme, l'administration voit le condamné. Pris entre ces deux visions, le condamné voit la mort.
Albert Londres
Au bagne
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Extraits :
"Durant tout son procès et pendant les années qui lui restent à vivre, Seznec ne cessa de clamer son innocence. Ses descendants, et notamment son petit-fils Denis Le Her-Seznec (Denis Seznec), ont régulièrement sollicité la justice pour rouvrir le dossier afin de le blanchir des accusations portées contre lui et obtenir sa réhabilitation, créant même à cette occasion l'association France Justice. Cette association est membre du Comité français des organisations non gouvernementales (ONG) auprès de l'ONU.
Il est difficile de parler de manière dépassionnée du cas Seznec. L'auteur de ce site a tendance à penser que s'il demeure un doute sur la réalité de l'accusation la plus grave (l'assassinat de Quéméneur), la succession de faux en écriture et les tentatives de subornation de témoins suffisent à faire de Guillaume Seznec un auteur de délits graves qui l'auraient de toute manière conduit aux travaux forcés.
Mais cette position est d'autant plus difficile à défendre qu'au moins un "professionnel de la défense de Seznec" en a fait un travail à temps plein (et rémunérateur sur le plan des droits d'auteur). Ajoutons à cela un téléfilm sensationnaliste et entièrement à décharge (d'Yves Boisset, d'après un livre de Denis Langlois), des interventions politiques d'une ex garde des Sceaux et une présence constante sur les médias de ses partisans, et il n'y a plus de réflexion sereine possible. Dans cette affaire un homme, malgré les efforts de sa famille qui ne se départit jamais d'une grande dignité, fut bien oublié: Pierre Quéméneur dont on se moque de savoir s'il fut assassiné et si oui, où repose sa dépouille, par qui et comment il fut expédié ad patres.
On a maintes fois dit et écrit que "l'acte d'accusation était vide". Pour en juger, je propose sa transcription in extenso (lien), en signalant qu'on envoya en Guyane - à tort ou à raison - des hommes dont le leur était bien moins fourni. C'est faire en quelque sorte injure aux jurés bretons qui envoyèrent un Breton** au bagne, que de déclarer qu'ils le firent sur la base d'un dossier vide ! Ils ont peut être commis une erreur, mais les charges étaient lourdes. On s'appuie aussi sur la présence de l'inspecteur Bonny (futur gestapiste français) qui figurait dans le lot des innombrables enquêteurs affectés à cette affaire : cela suffirait à déconsidérer le travail de l'accusation. Or le sieur Bonny, avant les années trente, était un jeune policier stagiaire excellement noté qui ne fut révoqué qu'en 1935. En outre tous ses actes criminels et délictueux futurs n'eurent qu'un mobile : le lucre (ce qu'il déclara ingénument à son avocate juste avant de passer devant le peloton : "Vous savez, Maître, je ne regrette rien... Ces quatre années de luxe sans aucune entrave furent les plus belles de ma vie") Qu'avait à gagner un inspecteur stagiaire, à truquer un dossier provincial où, en outre, il n'intervint que sur cinq cotes secondaires d'un rapport d'accusation qui en comptait bien davantage ? C'est une contre vérité, que de dire que le rôle de Bonny fut central dans cette affaire : il ne fut qu'une petite main parmi d'autres chargé de vérifier telle ou telle pièce soumise comme toutes à la sagacité des avocats.
** Précision nécessaire parce qu'on a voulu aussi faire de cette affaire une question "nationale" avec un Breton forcément innocent victime de la justice française.
Même la mort de Guillaume Seznec, banal accident de la circulation (le vieil homme n'avait plus toute sa tête et fut percuté sur la chaussée) fut exploitée et on tenta de la maquiller en "élimination de quelqu'un qui en savait trop". Dans ces circonstances, il est vraisemblable qu'on n'aurait pas choisi un assassin suffisamment bête pour ne pas tuer sa victime sur le coup et se faire prendre quelques jours plus tard ! La vérité est d'une triste banalité : le chauffard ne s'était même pas rendu compte du choc.
Des années durant, la famille et "les amis" de Seznec se sont battus pour obtenir sa réhabilitation et formulèrent au total quatorze demandes. Or, en décembre 2006, la demande en révision de la condamnation de Seznec fut encore rejetée par la Cour de cassation qui estima qu'il n'y avait aucun élément nouveau susceptible de faire naître le doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec, constatant que l'existence d'une machination policière telle qu'alléguée est matériellement impossible.
Il restait une ultime option : la saisine de la Cour européenne des droits de l'homme qui, dans sa jurisprudence, donne plus souvent raison aux accusés que la justice française. Sans explication plausible**, la famille Seznec y a renoncé."
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L'affaire Seznec - les circonstances qui le menèrent au bagne. - Le bagne de Guyane
doc. sources diverses. Joseph Marie Guillaume Seznec, né le 1er mai 1878, à Plomodiern, dans le Finistère, mort à Paris en 1954 , était maître de scierie à Morlaix. [ci-contre : la mère de ...
https://bagnedeguyane.canalblog.com/archives/2013/05/28/27273084.html
L'article original...
bagne - Affaire Seznec Investigation
Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.200 articles.
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