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Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.200 articles.

Affaire Cadiou. La voiture mystérieuse...

Une nuit de la fin de janvier, vers deux heures du matin, Mme Pierre Louis, femme d'un plâtrier, habitant rue La Tour d'Auvergne, à Landerneau, s'était levée pour donner quelques soins à son enfant. Elle allait, se recoucher, quand le grondement lointain d'une automobile attira son attention. Elle prêta l'oreille. Quelques secondes plus tard l'auto passait en trombe.

Mme Pierre Louis, maugréant contre les « écraseurs » qui traversent les villes à l'allure d'un express, ouvrit précipitamment sa fenêtre, mais l'auto était déjà loin. Mme Pierre Louis, commentant l'incident avec son mari, se recoucha. Environ une heure après l'auto repassait à la même vitesse.

La première fois l'auto se dirigeait vers Brest ou, si l'on préfère, vers la Grande-Palud, elle reprit ensuite la route de Morlaix.

M. Pierre Louis ne travaille pas régulièrement à Landerneau, et cette circonstance permet de fixer approximativement la date du passage de l'auto mystérieuse. M. Pierre Louis a passé une partie du mois de janvier à Landivisiau, il est rentré chez lui le 26 et en est reparti le 4 février, le jour même où M. Jean-Marie Cadiou retrouvait son frère. « C'est, dit M. Pierre Louis, quelques jours avant le 4 février que l'auto est passée. »

Sa femme précise. Elle est certaine que ce n'est ni l'un des deux premiers, ni l'un des deux derniers jours de la semaine, car du linge séchait à sa fenêtre : le lundi et le mardi, le linge est au lavoir ; le samedi et le dimanche, il est sec. C'est donc le 28, le 29 ou le 30 janvier que l'auto mystérieuse a traversé Landerneau.

M. Le Meur, entrepreneur, qui habite également une maison en bordure de la route, confirme la déclaration des époux Pierre Louis. Lui aussi a entendu par deux fois le bolide traverser la ville endormie, mais il ne saurait dire en quelle nuit de la fin janvier.

A la Grande-Palud, on ignore l'incident. Mme Quemeneur dormait ; M. Grall, jardinier, dormait, ainsi que sa femme ; et ils dormaient profondément selon leur habitude : « Jamais disent-ils, nous ne sommes éveillés par les bruits de la route. » Quant au moulin, il est trop éloigné et sa roue trop bruyante pour que le sommeil de ses habitants ne soit troublé par le ronflement d'un moteur. Il faut du reste remarquer que ni Mme Pierre Louis, ni M. Le Meur n'étaient endormis quand l'automobile passa.

Un rapprochement s'impose entre les déclarations que nous venons de rapporter et l'histoire qui circula le mois dernier, mais que personne n'a pu vérifier jusqu'à présent : un chauffeur de Brest, après avoir conduit des clients à Morlaix, regagnait son garage tard dans la nuit. Le mois de janvier tirait précisément à sa fin. A la Grande-Palud, le chauffeur aperçut une automobile arrêtée sur le bord de la route, en face du lieu où M. Cadiou devait être découvert quelques jours plus tard. Deux hommes se tenaient à côté de la voiture.

Croyant à une panne, le chauffeur stoppa pour offrir ses services, mais l'un des individus lui intima l'ordre de passer son chemin. Le ton était si menaçant que le chauffeur obtempéra sans se faire prier. Il avait eu le temps d'apercevoir une forme humaine étendue dans l'auto arrêtée.

Il va sans dire que nous ne reproduisons le récit du chauffeur que sous les plus expresses réserves. Mais l'hypothèse d'un transport du cadavre de M. Cadiou, précédant de peu de jours l'exhumation du 4 février, n'est pas pour déplaire aux nombreuses personnes qui se sont étonnées qu'un corps enterré depuis plus d'un mois fut aussi peu décomposé que celui de M. Cadiou. Et c'est, pourquoi nous le soumettons aujourd'hui à nos lecteurs ; les bases en sont bien fragiles, mais, sait-on jamais ?

 Dépêche de Brest 19 mars 1914

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Il y a quelques jours, les témoignages de Mme Lespagnol et du bouvier Miossec, recueillis par nous, venaient renforcer cette hypothèse. Il faut l'abandonner aujourd'hui.

L'automobile mystérieuse appartient à M. X..., propriétaire de Magic-Photo, 60, rue du Château, à Brest.

Le dimanche 25 janvier, M. X... passa joyeusement la soirée avec quelques jeunes amis. Vers onze heures, une randonnée en auto fut décidée. Où aller ? On opta pour Landerneau.

Arrivés à destination, les jeunes gens tentèrent vainement de se faire admettre au Café armoricain. Mme Arnaud, qui tient cet établissement, était couchée, et fit la sourde oreille. Mais, un peu plus loin, un estaminet restait ouvert ; M. X... et ses compagnons y firent une station assez prolongée. Après quoi ils remontèrent en voiture et, pour se divertir un peu aux dépens de ces Landernéens qui, à leurs yeux, avaient le tort considérable de se coucher avant l'aube, ils entreprirent de réveiller toute la ville.

L'automobile de M. X... étant passablement bruyante quand elle marche à échappement libre, les jeunes gens estimèrent que de parcourir successivement toutes les rues en quatrième vitesse suffirait à tirer les habitants de leur sommeil. Cette fantaisie fut exécutée à la lettre. On sait quelles en furent les suites.

Nous avons pu joindre, hier, M. X... et trois de ceux qui l'accompagnèrent dans son expédition : les heures qu'ils nous indiquèrent concordent avec celles que l'on nous donna à Landerneau. Sur ce qui concerne la date, il n'est point de contestation possible. M. Le Meur, entrepreneur à Landerneau, était allé spontanément déclarer au commissariat de Landerneau que l'automobile mystérieuse était passée dans la nuit du 27 au 28 janvier. La police mobile a établi que M. Le Meur s'est trompé, en effet, l'un de ceux que l'automobile éveilla, M. Pierre Louis, plâtrier, ne se trouvait pas à Landerneau à la date indiquée par M. Le Meur.

D'ailleurs, l'un des camarades de M. X... est en mesure de prouver que la joyeuse partie, à laquelle le sort facétieux réservait une place, dans l'affaire Cadiou, a bien eu lieu dans la nuit du 25 au 26 janvier.

  Dépêche de Brest 5 avril 1914

X = Fernand Lucien Gaston Barthélémy PUYBOUFAT

 

Il y a eu un démenti concernant le transport du corps de Cadiou.

Témoignage acheté ?

Le témoignage de Mme Louis est quand même très précis rapport à son linge, elle affirme que ce ne pouvait être que le 28, 29 ou 30 janvier, mais en aucun cas la nuit du 25 au 26.

D'ailleurs cette nuit là son mari n'était pas chez lui.

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C'est pourtant de cette idée que s'inspirera Bernede pour illustrer son ouvrage.

Alors ?

Voiture ou pas voiture ?

Et si voiture...

Qui à l'intérieur ?


Liliane Langellier

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