Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.
26 Mai 2023
ÉVÉNEMENTS
Le matin1, Guillaume Seznec répare la panne de la veille et tente de repartir vers Paris, mais il subit deux crevaisons et se met alors à la recherche de chambres à air, à La Queue-lez-Yvelines et à Millemont2.
Vers 5 heures 30, Henri Schwartz trouve la Cadillac de Seznec arrêtée près du croisement des routes de Paris et de Montfort, tournée en direction de Houdan. Schwartz fournit à Seznec un bidon d'essence de 5 litres.
Vers 8 heures, Seznec arrive dans la cour de l'hôtel du Croissant à La Queue-lez-Yvelines. Il reçoit l'aide d'Édouard Coulomb, qui répare ses chambres à air. Seznec, épuisé, s'endort dans sa voiture pendant la réparation.
Vers midi, les hôteliers lui proposent de déjeuner. Il ne prend qu'une tasse de bouillon et un café. Il achète ensuite 55 litres d'essence.
Vers 13 heures, Seznec repart en direction de la Bretagne, ayant renoncé à présenter la Cadillac à Paris dans cet état.
Vers 15 heures, il tombe en panne à Dreux. C'est Émile Hodey qui le dépanne à nouveau.
Vers 16 heures, Seznec repart.
Après une halte à Alençon, il arrive à Pré-en-Pail à la nuit tombante3. Il dîne à l'Hôtel de Bretagne et y prend une chambre pour la nuit.
Le passage à l'heure d'été a lieu ce soir-là : à 23 heures, il est minuit.
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1. Le soleil se lève ce jour-là à La Queue-lez-Yvelines vers 4 heures 03.
2. Ces faits, racontés par Seznec, peuvent avoir eu lieu en partie avant et après la rencontre avec Schwartz.
3. Le soleil se couche ce jour-là à Pré-en-Pail vers 19 heures 49.
Denis Langlois en page 38 :
"Bazainville, Houdan, Dreux, tout allait à peu près bien. Tu avais même resserré ta cravate et replacé sur ta tête ton chapeau. Mais à la sortie de Dreux, le moteur a recommencé à cogner. Panne de delco. Heureusement le garage Hodey était à deux pas. Jamais deux sans trois, il a rouvert le capot et trifouillé les bougies.
A 16 heures, tu étais reparti. La cigarette au coin des lèvres pour garder ton calme, tu t'es traîné le long des routes de Normandie. A la nuit tombante, tu es arrivé à Pré-en-Pail. L'Hôtel de France te tendait les bras. Deux oeufs sur le plat et tu es allé te coucher. T'écrouler plutôt, épuisé de fatigue.
Le lendemain, tu t'es encore arrêté à Alençon. Ernée, Rennes et Broons. Les chambres à air continuaient à fuir et le moteur rendait l'âme. Il était bien 2 ou 3 heures du matin quand tu as franchi à plat le portail de la scierie. Tout le monde dormait à poings fermés. Tu étais si fatigué que tu as trébuché dans l'escalier."
Extraits du cahier de Guillaume Seznec :
Monsieur Quéméneur en me quittant a emporté sa valise, quoique la thèse d’accusation vient dire que Melle Conogan avait vu cette valise dans la voiture dans la cour de l’hôtel à La Queue les Yvelines, ce qui est absolument faux, car cette demoiselle a dit simplement qu’elle avait vu une valise dans la voiture mais qu’elle ne pouvait spécifier ni grandeur ni forme, ce qu’elle pouvait dire c’est qu’elle était d’une couleur rougeâtre dans le genre de la valise du disparu, or ma petite valise n’est distincte de celle de Quéméneur que d’une très petite nuance qu’elle pouvait très bien les confondre surtout 7 ou 8 mois après sinon davantage.
Je ne me suis pas du tout reposé dans cet endroit, je me serais plutôt beaucoup fatigué pour faire la réparation de 3 pneus comme je l’ai fait. Seuls ceux qui ont des voitures Cadillac avec roues d’origine peuvent imaginer le travail que j’ai dû avoir, d’avoir travaillé de 8 heures du matin jusqu’à midi sans discontinuer. Je me reposais plutôt quand j’étais au volant. J’avais eu avant à 4 ou 5 kilomètres au-delà de La Queue Les Yvelines une autre crevaison à la roue arrière gauche et c’est là, vu que je n’avais plus aucun moyen de réparation et me sentant pas encore très loin d’un village que j’avais passé, ce qui m’avait décidé à faire demi tour et d’essayer de rejoindre ce village à plat où je comptais trouver asile et aussi par la suite trouver peut-être des pneus de rechange ou du moins de quoi réparer ; je vous dirais que je ne connaissais pas l’importance de cet endroit, mais à peine ai-je fait quelques centaines de mètres que le pneu part avec la jante. J’étais donc tenu de rouler directement sur la roue si je voulais continuer ou de ne plus bouger et je crois que la dernière méthode était la meilleure, car il y aurait longtemps que j’aurais fini mon trajet que je n’aurais plus eu de roue surtout avec une voiture de ce poids.
Je n’avais dans ce cas qu’à attendre qu’une voiture ou camion passe qui aurait pu me prêter un cric un instant. En attendant donc, dès que le jour me l’a permis, je me suis mis à faire une réparation sommaire. Or quand une camionnette du garage Renault ou représentant cette marque a passé il n’y avait plus qu’à mettre la jante en place qui n’avait donc pas retardé beaucoup l’automobiliste et, malgré toutes mes insistances pour faire appeler cet automobiliste, on ne l’a pas fait venir. Ce pourquoi je dis que c’était un employé de cette maison, c’est parce que à mon retour à quelques centaines de mètres de Dreux, peut-être même à un kilomètre, ce même automobiliste m’avait repassé alors que j’étais encore arrêté avec des ennuis de moteur et il a également stoppé pour me demander si je n’avais pas besoin d’un coup de main et que si j’avais besoin de réparation je n’avais qu’à aller au garage Renault qui était son patron. Cette camionnette c’était une Dodge.
C’est dans l’endroit où j’avais eu recours à un cric que j’avais également pris un bidon d’essence à un autre, mais ce n’était pas du tout que j’étais en panne d’essence, c’est par exemple dans la crainte de le devenir, car j’avais beaucoup gaspillé par mes ennuis fréquents et je ne tenais pas à en créer d’autres de ce côté. Mais la réparation n’était que de fortune, je continue vers La Queue les Yvelines et en effet encore à quelques distances de ce village j’ai crevé à nouveau, mais la fuite n’étant pas très forte, je réussissais de faire quelques centaines de mètres sans regonfler, mais à force de gonfler et de regonfler cela a fini par ne plus tenir du tout.
Je suis donc arrivé à l’hôtel de La Queue les Yvelines à plat à force de précaution : vous remarquerez donc le temps que j’ai mis pour faire 4 ou 5 kilomètres, puisque je suis parti à 5 heures environ et arrivé dans la cour de l’hôtel à 8 heures ou 8 heures 1/2. Dans cette localité je me suis donc débrouillé à trouver le nécessaire pour la réparation, quoiqu’il n’y avait pas de garage. Je vous répète que, quand j’ai demandé un bidon d’essence sur la route au-delà de La Queue les Yvelines, ce n’est pas que j’étais en panne d’essence, mais je craignais qu’un autre ennui m’arrive de ce côté, sachant le gaspillage que je faisais surtout avec les difficultés que j’éprouvais à chaque instant et d’ailleurs qu’est-ce qu’un bidon de 5 litres d’essence représentait pour un moteur de cette importance et en mauvais état ? Cette quantité ne représente rien dans un tel réservoir, surtout avec un réservoir à aspiration par pompe où les tuyautages avaient plus ou moins de fuites et pour avoir marché de 5 heures 1/2 à 8 heures. Car vous pouvez comprendre que, pendant que je gonflais, je ne stoppais le moteur que le moins souvent possible, car il n’était pas facile à remettre en marche.
Le matin 1, Guillaume Seznec répare la panne de la veille et tente de repartir vers Paris, mais il subit deux crevaisons et se met alors à la recherche de chambres à air, à La Queue-lez-Yveline...
https://affaire-quemener-seznec.blogspot.com/2013/05/1923-05-26.html
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