Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Affaire Seznec Investigation

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 1.100 articles.

Ouest-France. RÉCIT. « Le doute doit profiter à l’accusé » : l’affaire Seznec et ses quatorze demandes de révision...

À l’occasion du centenaire de l’affaire Seznec, la rédaction Ouest-France vous propose de découvrir ou redécouvrir ce fait divers qui a marqué l’histoire, en trois épisodes. Voici le deuxième, après le décès de Guillaume Seznec, quand ses descendants se sont tournés vers l’avocat Denis Langlois pour demander la révision du procès.

Article de Gaëlle COLIN et Sarah HUMBERT.

« Je me suis trouvé en face d’un énorme dossier, qui devait mesurer à peu près 1,50 m. C’était des boîtes toutes poussiéreuses qui se trouvaient dans la salle Clisson des archives nationales de Paris », se remémore Denis Langlois.

L’avocat, spécialiste des droits humains s’est penché il y a plusieurs dizaines d’années sur l’épineux sujet que représente l’affaire Seznec.

À la demande de Jeanne, fille de Guillaume, il a présenté une demande de révision du jugement, en 1977. C’était la treizième.

Pour rappel, en 1924, Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, a été condamné pour le meurtre de Pierre Quéméneur, conseiller général du canton de Sizun. Le corps n’a jamais été retrouvé et Guillaume Seznec a toujours clamé son innocence, tout comme sa famille. Et alors qu’en 1924, il semblait le coupable idéal, au fil des années, l’opinion publique s’est modifiée. Guillaume Seznec est décédé en 1954, coupable aux yeux de la loi.

« Le doute est apparu peu à peu »

Dans les années 1970, Denis Langlois épluche méticuleusement le dossier.

Au tout début, l’avocat de la famille penche sur la culpabilité de Seznec. « Je me suis dit : il n’y a pas d’erreur judiciaire. Mais ces premiers dossiers étaient les mêmes que ceux qu’avait le président de la cour d’assises. Les éléments étaient à charge », poursuit-il.

Puis, le « doute est apparu peu à peu. J’avais l’impression que les juges et jurés d’assises n’avaient pas eu tous les éléments. J’ai donc construit la demande de révision en cinq points ». Comme les autres, elle a été refusée, alors que le mystère sur l’affaire demeure.

« Pas de cadavre, pas d’aveux »

Alors que le doute s’installe quant à la culpabilité de Guillaume Seznec, le combat judiciaire, en 1977, prend de nouveaux traits : ceux de Denis, le petit-fils du maître de scierie. Celui qui veut que la « justice française reconnaisse ses erreurs ». Pour lui, c’est clair, son grand-père est innocent.

Il l’a connu quelques années, à son retour du bagne. Il raconte un homme qui « ne pensait qu’à son innocence, qui était très digne ». Comme sa grand-mère et sa mère avant lui, Denis Seznec se lance dans ce combat judiciaire, pour la réhabilitation de son grand-père. « Il n’y a pas de cadavre, pas d’aveux dans cette histoire », indique-t-il. Aujourd’hui à 75 ans, même si toutes les demandes de révision ont été rejetées, il estime tout de même que son « grand-père a été réhabilité dans l’opinion publique ».

En effet, alors qu’en 1924, Guillaume Seznec était vu comme le coupable idéal, un siècle plus tard, l’opinion est plus divisée, le doute demeure.

« La magistrature doit reconnaître ses erreurs »

Il faut dire que l’affaire a eu un écho médiatique important, et des soutiens de choix. Le 27 janvier 2001, la ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, déclare : « Il faut rouvrir le procès de Guillaume Seznec. » La demande de révision est déposée au nom du ministère, mais n’aboutit pas non plus. Le couperet tombe en 2006.

Près de vingt ans plus tard, Marylise Lebranchu, qui a également été maire de Morlaix, raconte : « J’étais déçue, en tant que garde des Sceaux. Je pensais qu’il y avait tous les éléments pour que ça soit rouvert. »

Elle souligne cependant que « la demande de révision du procès ne porte pas sur la culpabilité ou la non-culpabilité de quelqu’un. Il s’agit simplement de dire que le procès a été précédé d’une enquête malmenée et à charge et que le procès n’a pas été équitable, car un doute planait, qui n’était éclairé par aucun élément de l’enquête ».

« C’est difficile, dans une mémoire collective, de garder un doute »

Pour l’ancienne garde des Sceaux, si l’affaire passionne encore aujourd’hui, c’est parce que « c’est difficile, dans une mémoire collective de garder un doute qui n’a pas bénéficié à l’accusé ».

Elle conclut : « Je n’ai pas d’opinion, […] mais j’ai l’intime conviction que l’enquête a été menée à charge et que le procès n’a pas été équitable. »

Cent ans après, elle n’est pas la seule.

 

Ouest-France du jour...

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article