1 Mai 2023
L'Histoire ne fait rien, c'est l'homme, réel et vivant, qui fait tout.
Karl Marx
La naissance à Plomodiern
« Comme en atteste son acte de naissance, c'est à Kerniol que Guillaume est né, le 1er mai 1878, à 14 heures 30. A l'époque et pour 50 ans encore, on naissait à la maison et, si c'était à la ferme, la naissance avait souvent lieu avant l'arrivée de la sage-femme.
Quant à l'Etat civil, il pouvait attendre quelques jours.
Cette ferme, d'une certaine importance (6 domestiques de ferme au recensement 1881) appartenait à ses parents, Yves Seznec et Marie-Anne Colin, tous deux âgés de 28 ans à la naissance de Guillaume (son père décèdera à l'âge de 33 ans, sa mère à celui de 85). »
« Guillaume vivait, près de la mer, dans la ferme familiale de Kerniol.
En Breton, Kerniol signifie la "maison du soleil".
Ce n'est pas sans hasard : ce lieu-dit, outre qu'il est, quoique si proche de la mer, protégé des vents dominants d'Ouest et de Nord-Ouest, s'expose plein Sud.: un endroit de rêve aux pieds duquel le ruisseau du Sang déverse les eaux vives qu'il draine depuis les hauteurs de Sainte-Marie du Menez-hom. »
in Gilles Scouarnec
Plomodiern Recensement 1911.
Guillaume Seznec est orphelin de père à l’âge de 6 ans.
Son frère cadet décède en décembre de la même année, âgé de 21 mois.
Guillaume est donc le seul fils de la maison.
Une maman veuve et deux soeurs aînées, pas besoin d'avoir un Master en Psycho pour se douter que le gars Guillaume il a dû être plus que chouchouté.
Les garçons élevés par des femmes et trop entourés de femmes dans leur enfance sont rarement des "gagneurs". Mais ils savent jouer de l'affect comme d'autres jouent du pipeau !
Le Petit Séminaire de Pont-Croix
Après l’école primaire où il ne fait pas des étincelles, Guillaume Seznec se retrouve au Petit Séminaire de Pont-Croix.
Il ne faut pas confondre le petit séminaire et le grand séminaire.
La plupart des familles aisées ont envoyé, à cette époque, leurs fils au petit séminaire.
Car l'enseignement y est meilleur. Et plus pointu.
Sans aucun doute, ce genre d'établissement fournissait un lieu de recrutement pour l'Eglise. Mais ce n'était pas sa vocation première.
"En France, le séminaire proprement dit est appelé Grand séminaire. Par opposition, le Petit séminaire est une école de niveau secondaire (collège, lycée) qui forme aussi bien des futurs séminaristes du grand séminaire que des élèves qui resteront laïcs. Le terme et l'institution sont désuets en Europe, mais le petit séminaire a eu une grande importance sociale jusqu'au milieu du vingtième siècle. C'était souvent l'un des seuls moyens de s'instruire pour les enfants intellectuellement doués vivant à la campagne, que les curés de paroisse repéraient et dont l'Église prenait en charge les années d'études secondaires, en proposant aux meilleurs d'accéder au grand séminaire. C'est aussi au petit séminaire que la petite bourgeoisie catholique envoyait de préférence ses garçons pour qu'ils reçoivent une éducation classique de qualité dans un milieu moralement exigeant. L'internat était la règle et la discipline rigoureuse."
In Wikipedia.
Son Registre Matricule nous indique qu’il a un degré d’instruction 4 : « a obtenu le brevet de l’enseignement primaire ».
Ce ne sont pas les études qui passionnent Seznec mais la mécanique : monter démonter des pièces, assembler des rouages, bricoler.
Le service militaire
En trois mots : un gamin couvé, un élève médiocre et un futur fermier fainéant. Surtout un ado qui ne fait QUE ce qu'il aime. Sans aucune contrainte.
Heureusement pour ces gamins trop couvés, il y avait....
Le service militaire !
Et Guillaume n'y coupera pas. Même s'il ne tire qu'un an (septembre 1899/septembre 1900) comme soutien de famille.
Sur ce Registre Matricule (Année 1898, N° 2764, Châteaulin), on peut lire sa description. Il mesure 1 m 72. Il est brun. Il a les yeux gris.
Il est dispensé selon l'article 21 (unique de veuve).
Ce que ce document révèle, c'est que "Joseph Marie" Seznec, N° 69 de tirage dans le canton de Châteaulin, est arrivé au Corps le 14 septembre 1899. Et qu'il a été envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1900. Avec un certificat de bonne conduite.
En tant que fils unique de veuve, Guillaume n'effectue qu'une année de service militaire.
Il passe dans la réserve de l'armée active le 1er novembre 1902.
Les fiançailles et le mariage
"En 1904, tu avais vingt-six ans, ta mère a pensé qu'il était temps de passer la main. Marianne et le beau-frère Gadal la tannaient pour qu'elle partage la propriété. Elle s'est laissé fléchir et a convoqué le notaire pour une donation. On a divisé en trois parts (ndlr la soeur aînée, Marie, est morte en 1896). Le beau-frère a fait une affaire. Il a eu la ferme de Kernéol et le moulin. Toi, moyennant une indemnité, tu t'es contenté d'une petite ferme éloignée. Ta mère a eu pour le restant de sa vie les revenus de la troisième ferme du domaine."
in Denis Langlois en page 11.
Quand il ne tourne pas les feuilles des catalogues de machines agricoles, Guillaume va aider, à droite à gauche, à réparer les machines.
C'est justement en réparant la mécanique chez un meunier qu'il fait connaissance d'un grainetier. Mais surtout de la fille du grainetier : Marie-Jeanne Marc.
Il est important de s’arrêter ici pour dénoncer une erreur concernant le procureur Théodore Picard, qui aurait été soi-disant un amoureux éconduit de Marie-Jeanne Seznec.
Encore un délire de Maurice Privat qui a été repris par les auteurs successifs sans aucunes vérifications.
Théodore Picard est né le 16 juin 1868. En 1905, il a donc déjà 37 ans.
Il est marié depuis le 24 novembre 1903 avec une demoiselle de la bonne bourgeoisie brestoise, Alice Lossouarn, 19 ans (née le 24 décembre 1883) et dont le père, Emile, est médecin dans l’infanterie de marine et titulaire de la Légion d’Honneur.
Aucuns risques de voir Théodore courtiser une fille de grainetier !
Le 18 juillet 1906 Guillaume Seznec épouse Marie-Jeanne Marc.
Marie-Jeanne Marc est née le 8 février 1886 au bourg de Plomodiern.
Elle est la troisième enfant de Jean Corentin Marc et de Marianne Marchadour (ndlr Marc Corentin 1882, Marc Pierre 1884, Marc Marie-Jeanne 1886, Marc Marie 1889, Marc Charles : 1891)
Et leur première fille.
C'est chez Rieux Nédelec que l'on trouve la longue et plus jolie description de la mariée, en page 18 :
"Elle était belle, la mariée, dans son costume tout brodé de fils d'or, la taille étroitement emprisonnée dans le corselet lacé, faisant valoir la poitrine haute. (...) Marie-Jeanne voulut rester au bourg plutôt que d'aller habiter Kerneol et le jeune couple s'installa chez les Marc."
Parce que les Marc, ils sont peut-être grainetiers, mais ils tiennent surtout le Café sur la grand place de Plomodiern.
Guillaume et Marie-Jeanne se marient civilement le mercredi 18 juillet 1906.
Le lundi 23 juillet, la messe de mariage est dite à Plomodiern par l’abbé Le Breton, vicaire à Roscanvel, cousin germain de la mariée.
Une tente immense est dressée sur le champ de foire pour y caser les 570 personnes qui assistent au repas de noces.
L’après-midi eurent lieu des courses de chevaux au galop et des courses de bicyclettes.
La toilette de la mariée, réalisée par Mme Corentine Feunteun, maîtresse-tailleuse à Quimper, a fait l’admiration de tous.
Un contrat de mariage est rédigé devant notaire où la future épouse apporte une dot de 10.000 francs.
Soit 36.640 euros.
Liliane Langellier
P.S. Je lis, avec bonheur, que Marc du Ryez va nous revenir dans l'affaire Seznec.
Cela va relever le bas niveau de certains blogs actuels.
Bravo à lui pour son succès à ses examens.
And...
Welcome back !!!!
P.S. Joyeux Premier Mai à toutes et à tous...
Lire sur mon blog une jolie petite madeleine personnelle :