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La Petite Journaliste de Seznec

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.

Affaire Seznec. Quand on en est réduit à re-parler de l'employé des postes Alfred Bégué...

“C'est le privilège des facteurs. Ils connaissent le nom de tout le monde et personne ne connaît le leur.”
Marcel Pagnol

Il s'appelait Joseph Pierre Alfred Bégué.

Il était né le 24 février 1893 à Lagraulet-Saint-Nicolas, dans l'arrondissement de Toulouse, en Haute-Garonne (31265).

Pas de pot, il a eu 20 ans en 1913.

En 1913, il vivait à Cox.

Soldats d'Orient

Il s'est bien battu pendant la Première Guerre mondiale et notamment sur le front d'Orient.

Il a d'ailleurs été blessé à Bernick.

A partir de 1927, voilà ses domiciles successifs et les lieux de ses emplois successifs :

Affecté spécial de l'administration des P.T.T....

A partir du 24 septembre 1919, il a été employé du télégraphe à Yvetot, puis à Paris à partir du 1er octobre 1920 et à Saintes à partir du 9 novembre 1926.

En 1923, son destin a croisé celui de l'affaire Seznec.

Il a alors 30 ans.

Que s'est-il passé ???

Suite à sa demande du jeudi 24 mai 1923 au soir à Rennes...

Le vendredi 25 mai 1923, Me Pouliquen a envoyé, à l'intention de Pierre Quémeneur, une lettre chargée au bureau de poste N° 3 (6 boulevard Malesherbes) de Paris.

Une lettre chargée met plus de 24 heures pour atteindre sa destination.

Elle ne pouvait donc n'être en aucun cas à Paris le samedi 26 mai 1923.

1/ Dans la lettre de Pouliquen au Directeur de la Sûreté Générale :

"Avant son départ pour Paris mon beau-frère m’avait prié de lui adresser à Paris Poste Restante n°3 un chèque de soixante mille francs sur la Société Générale. Je lui ai adressé sous pli chargé ce chèque à l’adresse indiquée et d’après renseignements pris à la poste même, ce chargement a bien été demandé dans la journée du 26 mai, alors qu’il n’était pas encore arrivé, n’ayant quitté Quimper le jour même. Depuis le chargement n’a plus été réclamé et mon beau-frère qui semblait cependant en avoir un besoin urgent pour traiter son affaire n’est plus revenu à la Poste Restante où le chargement est toujours en instance."

2/ Ce que nous en dit la presse :

Dans La Dépêche de Brest du 1er juillet 1923 :

"C'est le 2 juin que l'on voulût retirer le chèque.

L'enquête n'a pas chômé à Paris. Une déposition importante fut recueillie ; c'est celle de l'employé des postes parisien du boulevard Malesherbes, où l'on essaya de retirer, poste restante, la lettre charge contenant le chèque adressé à M. Quémeneur.

Ce n'est pas le 26 mai, mais bien le 2 juin qu'eut lieu cette tentative. La lettre ne fut donc pas délivrée, mais ce fut par une circonstance toute fortuite. L'employé n'avait pas, en effet, établi une fiche nécessaire de sorte qu'il crut que la lettre n'était pas arrivée.

Mis en présence de Seznec, cet employé ne le reconnut pas, malgré sa physionomie caractéristique : tant de monde défile chaque jour devant son guichet !

Si l'opération avait eu lieu le 26 mai, il était impossible que le quémandeur fut Seznec, dont la présence à la Queue-lès-Yvelines est certaine ce jour-là. Mais c'est le 2 juin qu'un inconnu se présenta, réclama en vain la lettre et le chèque et ne revint pas. Pourquoi ne serait-ce pas Seznec lui-même ? dit la Sûreté, qui, au demeurant, était à Paris - il le déclare lui-même - le 1er juin, la veille."

Dans Le Matin du 1er juillet 1923 :

"Un important fait nouveau

La Sûreté générale, poursuivant ses recherches autour du mystérieux personnage qui, dans la matinée du samedi 26 mai, se serait présenté au bureau de poste du boulevard Malesherbes pour y réclamer le pli destiné à M. Quémeneur, a établi un fait nouveau d'une importance capitale.

Ce n'est pas ce jour du 26 mai que ce personnage se serait présenté, mais bien le samedi suivant, 2 juin. Une nouvelle déclaration de l'employé du guichet des plis chargés du bureau de poste a été reçue hier par la Sûreté générale. Cet employé, à la suite de nouvelles recherches dans sa mémoire et dans les détails de son service, a pu faire cette rectification avec une précision absolue. Et l'on comprend la gravité de cette déclaration si l'on se souvient que Seznec était à Paris le 1er juin, et qu'il dit en être parti le soir même. N'en serait-il pas plutôt parti le lendemain, et ne serait-ce pas lui qui serait venu à ce bureau réclamer le chèque de 60.000 francs destiné à la victime ?

Cette hypothèse, qui, maintenant, paraît la plus vraisemblable, ferait donc écarter celle de complicités possibles, et, à moins de découvertes nouvelles, on se trouverait en présence d'un crime isolé, entièrement machiné et exécuté par Seznec."

Dans L'Ouest-Eclair du 2 juillet 1923 : 

 

"La Sûreté a signalé à M. le Juge d'instruction de Brest l'intérêt qu'il y aurait à vérifier si Seznec était à Morlaix dans la journée du 2 juin.

Voici pourquoi je vous ai télégraphié que l'employé de la poste restante du boulevard Malesherbes certifiait maintenant que c'est le 2 juin qu'un individu disant être M. Quémeneur s'était présenté à son guichet pour réclamer le pli contenant les 60.000 francs de M. Pouliquen. Or, Seznec était, de son aveu, à Paris le 1er Juin. En est-il reparti le soir comme il le prétend ? Sinon, il y a bien des raisons pour que ce soit lui qui se soit présenté au bureau de poste parisien. En réalité le pli était arrivé le 2 juin, mais par une chance inouïe pour M. Pouliquen, l'employé regarda son paquet de lettres avec une attention insuffisante et répondit qu'il n'avait rien.

Le visiteur n'insista pas et ne revint pas. Seznec ne pouvait en effet s'éterniser à Paris. Il est clair que si le visiteur avait été M. Quémeneur, il serait revenu et, qu'en attendant, il aurait manifesté à M. Pouliquen sa surprise de ce que son télégramme de demande de fonds soit resté sans réponse. Quand on l'avait interrogé pour la première fois, l'employé du boulevard Malesherbes avait cité la date du 26 mai parce que, en effet, à cette date le pli Pouliquen n'était pas arrivé. Mais en apprenant par les journaux les conséquences qu'on tirait de la fausse date qu'il avait donnée pour éviter d'être pris en défaut, il se décida à révéler la vraie. Le brave garçon s'est fait soigneusement laver la tête par ses chefs."

3/ Ce que nous en dit SaintOp / Seznek : 

Livre Denis Seznec en p. 107 : “le 2 juin, il est de retour chez lui, à Morlaix

faux – et c’est Guillaume Seznec lui-même qui le précise dans sa déposition du 28 juin 1923 – il arrive à Paris le 2 au matin, il passe chez Gautier, achète des fournitures automobiles avenue de la Grande Armée, passe à l’Hôtel de Normandie (ou à la Ville d’Argentan ?)… et passe aussi, selon l’accusation,  au bureau de poste N°3 de l’avenue Malesherbes – il prend le train du soir pour Morlaix où il arrive le 3 au matin.

p. 109 : “Questionné par les deux enquêteurs amateurs, l’employé de la poste restante, Alfred Bégué…

un “oubli” étonnant très important : un directeur d’une agence de recherches, M. Delangle, accompagnait notre duo d’enquêteurs – le 30 juillet 1923, Jean Pouliquen le précise dans le bureau de Campion (plutôt tardif, ce témoignage)

4/ Ce que nous en écrit Marc du Ryez pour la journée du 2 juin : 

5/ Ce que nous en écrit Me Yves-Frédéric Jaffré :

En page 35 :

"L'employé des P.T.T., M. Bègue, n'a pas reconnu ce client dans les photographies de Seznec et de Quéméneur qui lui furent présentées. Il expliqua en effet lui-même, que cette poste restante de La Madeleine, était fréquentée par une clientèle d'amoureux si nombreuse qu'il ne pouvait garder le souvenir de tous les visages entrevus."

En page 40 :

"Au surplus, il y eut les variations du postier, M. Bègue, qui d'abord déclara que l'inconnu venu pour retirer le pli s'était présenté le 26 mai, puis indiqua ensuite le 2 juin. Ces variations sont le signe d'une mémoire qui en l'occurrence n'était pas très sûre. On peut même se demander si quelqu'un a bien tenté de retirer le pli recommandé. Car une confusion de la part du postier serait tout aussi explicable que l'erreur qu'il a commise en répondant que le pli n'était pas arrivé."

.........................................

Voilà...

C'est tout simple....

Notre pauvre employé des postes, sans doute affolé par les questions de la police, s'était trompé de samedi.

La lettre postée le 25 mai de Bretagne ne pouvait pas être arrivée le 26 mai à Paris.

Cet épisode ne vaut guère les pages de blog de la Jourdan, ni celles de son pote le broc, qui n'hésite pas à tordre les faits pour y faire rentrer son amerloque de Turrou...

Ces deux-là ne savent plus sur quoi écrire.

"La date du 26 mai a été falsifiée par Bonny et Vidal pour accuser Guillaume Seznec. C'est la vérité historique, celle que l'on conservera. Ce n'est pas la vérité judiciaire car cet élément était connu de la justice lors du procès de 1924. Il était connu dans un contexte différent où personne ne comprenait réellement l'affaire Seznec. Avec un éclairage nouveau et l'implication aujourd'hui prouvée de Leon Turrou dans l'affaire des Cadillac vers la Russie des Soviets, n'est-ce pas un élément nouveau ? C'est possible mais comme le dit souvent Denis Le Her Seznec, la justice est incapable de reconnaitre ses erreurs."

Ah oui...

Au fait...

Notre Alfred Bégué est mort le 27 octobre 1973 à Saintes, à l'âge de 80 ans.

Ne pensez-vous pas que, si Denis Seznec avait été un peu plus curieux, il aurait cherché à le rencontrer ce postier-là, isn't it ?

Alfred Bégué a témoigné au procès de Quimper le 1er novembre 1924.

L'Ouest-Eclair du 2 novembre 1924 

La Dépêche de Brest du 2 novembre 1924

 

Liliane Langellier

Le boulevard Malesherbes vu du boulevard de Courcelles en 1853/1870

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