1 Novembre 2022
Mentir est un art. Ne réussit pas qui veut.
Ernest Ouellet / Multipliez-vous
Avec mes recherches...
Vous avez pu lire, dans mon article précédent...
Toutes les petites annonces Kermina parues dans L'Ouest-Eclair en 1920 et 1921.
Posons-nous la question...
Quelles marchandises Guillaume Seznec aurait-il bien pu acheter chez Kermina, aussi bien à Aubervilliers qu'au Mans (?)
1/ Des automobiles, bien sûr.
Les deux voitures qu'il dit avoir achetées à un certain Randoin...
En novembre 1919...
Le gars Randoin que l'on n'a jamais pu retrouver...
Auraient-elles été achetées chez Kermina (?)
Dont Seznec voulait taire le nom (?)
Armand Bonin, le commissaire de police de Morlaix, ajoute "Le sieur Seznec est un grand brasseur d'affaires, doit avoir des dettes et ne paraît pas des plus solvables". (Rouz en page 47).
Il en revend une à un certain Bosson de Marseille pour un client d'Afrique du Nord.
Kermina est d'origine algérienne.
Rappelez-vous L'Echo d'Alger du 11 septembre 1921 :
Et aussi des camions...
"C'est ains qu'en mai 1922, il touche 15414 francs de la compagnie L'Union de Morlaix suite à l'incendie d'un camion marque USA.
Le 4 juin 1922, il assure toujours à la compagnie L'Union un camion Liberty, marque USA Type B 1400 portant le n° 2968 pour une somme de 15000 francs et une voiture automobile Torpédo 7 places, marque Briscoe pour 12.000 francs".
in Bernez Rouz en page 49.
2/ Des couvertures
Michel Pierre en pages 24/25 :
"En ces années d’après-guerre, ce qui intéresse Pierre Quéméneur, ce sont ses activités commerciales. Il demeure à l’affût de toute opération susceptible de conforter sa prospérité. Parmi ces dernières, la revente de lots de couvertures après achat aux enchères publiques, peut-être celle ayant eu lieu au camp de Kerhuon le 17 novembre 1919 de « 3100 couvertures usagées par petits et gros lots ». Pour cette affaire, il s‘est associé avec son ami Guillaume Seznec. Les deux hommes semblent avoir été aussi en relations pour un marché de lots de bois, cette même année 1919."
Denis Langlois en page 16 :
"Seznec n'est pas l'un des derniers à en profiter. Il achète et revend un peu de tout : des couvertures, du savon, du beurre, de la chicorée, de la laine pour matelas...."
Notre pote Guillaume faisait donc aussi dans les couvertures...
C'est même écrit sur France Justice dans "Portrait de Guillaume Seznec":
"Désireux, comme la plupart de ses compatriotes de bénéficier de cette manne, il achète un camion et quelques articles (en particulier un important lot de couvertures) qu’il entrepose dans un grand hangar qui borde la route."
On le retrouve aussi signalé dans l'ouvrage de Marthe Le Clech en page 131 :
"Le couple Seznec pratique là aussi la vente en gros de savons et la redistribution de marchandises provenant des stocks laissés par les Américains (couvertures, matelas, voitures, pièces détachées…), acquis par des voies légales ou illicites, car les entrepôts d’Etat, mal gardés, ont parfois été pillés."
3/ Du savon...
"Pendant la guerre, Seznec était un brasseur d'affaires. Tout lui était bon. Il s'occupait en-dehors de la blanchisserie, de vendre du savon de qualité inférieure qu'il recevait de Marseille par wagons complets, en gare de Brest."
Guillaume Pallier.
Ouest-Eclair du 1er octobre 1920
"Serviettes, savon, rasoir..."
...................................
Le gars Seznec est menteur comme un arracheur de dents.
Aurait-il menti sur l'origine des marchandises qu'il a trafiquées ???
Par peur de représailles ???
Dois-je vous rappeler, par ailleurs, que Boudjema Gherdi est algérien.
Et que, dans sa revente de pièces détachées, il ne pouvait pas ne pas connaître son pays, Joseph Kermina.
L'Auto du 6 novembre 1926
D'autre part...
Epinay/Seine - Aubervilliers = 8 kilomètres.
Bernez Rouz, en page 48 :
"Boudjema Gherdi, né en Algérie, s'était engagé dans l'armée américaine. Il avait servi au camp américain de Romorantin dans le Cher. En 1921, on le retrouve commerçant de pièces détachées provenant des stocks américains, au 17 rue Brochant à Paris."
Par ailleurs...
Je peux vous certifier, pour l'avoir vérifié, que le Centre Automobile de Romorantin est, indéniablement, le plus gros annonceur "stocks américains" de L'Ouest-Eclair de 1919 à 1922 :
L'Ouest-Eclair du 2 juillet 1921
Rue Brochant / Aubervilliers = 8 kilomètres.
Cela fait beaucoup, non ???
Et c'est sûr que le gars Seznec aura préféré de loin lâcher le nom de Gherdi plutôt que celui de Kermina !!!
La rencontre Gherdi/Kermina, c'est quand même plus probable que la rencontre Gherdi/Turrou.
Isn't it ???
Liliane Langellier
P.S. "Francis Gherdi a fait fortune pendant l'occupation dans des conditions suspectes. Il s'achète un manoir à Epinay sur Seine en juin 1943. Il y transfère ses bureaux."
nous écrit le broc.
Une fois de plus...
Rien ne nous prouve que Francis Gherdi ait fait partie des SS Mohamed d'Henri Lafont...
Ou des revendeurs de métaux aux Allemands.
L'Echo d'Alger du 8 avril 1926
Pour l'ambiance de l'époque...
Regarder le film de Denys Granier-Deferre : 93, rue Lauriston.