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La Petite Journaliste de Seznec

Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.

Les Seznec Le Her dans Paris Match du 6 août 1949

Archive personnelle

Je l'avais acheté il y a quelques temps...

Je l'ai retrouvé aujourd'hui dans mes archives...

Ce numéro de Paris Match du 6 août 1949 a presque 71 ans.

C'est, pour moi, le symbole même de la fable Seznec.

Alors, on y va...

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Ces enfants heureux portent un nom tragique

Pendant cinq jours, à la ferme de Ker Glenchard, à 3 kilomètres de Plourin (Morbihan), Jean-Claude Le Her, quinze ans, a été le maître. Avec l'aide de sa soeur Francette, douze ans, il a dirigé la vie de la maison, donné à manger au bétail et surtout veillé sur ses deux petits frères de cinq ans et deux ans, Bernard et Denis. Jeanne Le Her (Seznec) n'avait trouvé personne pour garder ses enfants pendant que, accompagnée de son père Guillaume (l'ancien bagnard), elle répondait devant les assises de Quimper du meurtre de son mari, François Le Her.

Lorsque Jeanne, acquittée, revint à la maison, elle trouva ses quatre enfants en habit des dimanches. C'était une idée de Jean-Claude. Jean-Claude et Francette lui sautèrent au cou. Mais quand Jeanne se pencha sur Bernard et Denis pour les embrasser, elle ne put retenir ses larmes. C'est que Bernard et Denis ne savent pas la vérité sur le drame qui, il y a dix mois, a ensanglanté la famille. Ils croient que leur père s'est tué en nettoyant son fusil de chasse. Un jour du mois d'avril, Bernard est revenu de l'école en pleurs. Pendant la classe, un de ses camarades lui avait fait passer un billet : "C'est ta mère qui a descendu ton père !" Jeanne a eu beaucoup de mal à le consoler et à le rassurer. Elle n'est pas sûre d'y être parvenue tout à fait. De toute façon, d'ailleurs, Bernard et Denis, un jour, sauront tout. Jeanne veut le leur dire elle-même. Elle ne peut s'empêcher de frémir à la pensée du jugement que ses deux enfants porteront sur elle ce jour-là ; il est pour elle tellement plus important que celui des jurés de Quimper.

Chaque semaine, Jeanne envoie Jean-Claude, Francette et Bernard porter des fleurs sur la tombe de leur père. Depuis le procès, Francette et Bernard ne sont pas revenus à l'école. Ils espèrent ne pas y revenir à la rentrée. "Nous serons à Paris", disent-ils. Toute la famille Seznec-Le Her est unanime dans son désir de quitter le pays où elle a été si malheureuse. Les enfants du village appellent les enfants Seznec : "Fils d'assassin". Une soeur de François Le Her, Marie-Yvonne habite encore à Plourin. Jeanne a toujours peur de la rencontrer et ne va jamais au village. Jean-Claude y passe tous les matins chercher le pain. Du plus loin qu'elle l'aperçoit, sa tante Marie-Yvonne l'injurie.

Guillaume Seznec, sa fille et les petits quitteront Ker Glenchard dans quelques semaines. La maison, deux pièces et dépendances, appartient à la famille Le Her et onze héritiers se la disputent. La camionnette de Le Her, les armoires et une vache sont sous scellés. C'est cette vache qui permet à Jeanne de faire vivre sa famille. Elle lui donne tous les jours une dizaine de litres de lait que Jean-Claude et Francette vont vendre chez les voisins. Pour nourrir son père et ses enfants, Jeanne Le Her achète chaque mois 3.000 francs de pain au boulanger de Plourin et elle ne touche que 7.000 francs d'allocation.

 

Archive personnelle

 

Le Her-Seznec, un nom qui dit mystère, meurtres, bagne, assises

 

Le lendemain de son acquittement - les jurés du Morbihan ayant estimé qu'elle avait tué son mari en état de légitime défense - Jeanne Le Her a étrenné une robe d'été bleu azur à pois blancs. C'était le première fois depuis quinze ans qu'elle ne s'habillait pas de noir. Jeanne Le Her ce jour-là, s'est mis du rose aux joues et du rouge aux lèvres. Ella a avoué : "Je n'ai jamais été aussi heureuse !" En l'écoutant, son père, Guillaume Seznec, rayonnait de joie. Au procès de sa fille, l'avocat de la partie civile, Me Henri Torrès, avait dit : "L'acquittement de Jeanne Le Her serait un premier pas vers la réhabilitation de son père." Ce pas, les jurés n'avaient pas hésité à le franchir. Et c'était dans la salle même, à Quimper, où, vingt-cinq ans plus tôt, il avait été condamné au bagne pour le meurtre de son ami Quémeneur. Mais Guillaume Seznec n'est pas encore au bout de ses peines. Le 10 juillet, Me Grimaldi, procureur de la République, l'a informé que la Commission de révision des procès criminels a émis un avis défavorable à la révision du sien. Les nouveaux témoignages sont jugés trop tardifs. Seznec ne s'avoue pas vaincu. S'il le faut, il s'adressera directement au Garde des Sceaux. Il veut que son innocence soit proclamée et, pour atteindre son but, il est prêt à user ses dernières forces. Il ne veut plus rougir quand le facteur lui dira familièrement : "Bonjour bagnard !" Mais il se sent vieillir. Il entend très mal et dans la conversation, éprouve beaucoup de difficulté à fixer son attention sur un point précis. Il est très heureux à la pensée de se fixer à Paris. Jeanne travaillera et lui-même s'occupera de ses petits-enfants. A Paris, Jeanne reprendra son nom de jeune fille : Seznec.

Quant à Juliette Seznec, qui se dressa farouchement contre Jeanne à son procès, elle a déjà repris le sien : Le Her. Juliette est à la fois la belle fille et la belle-soeur de Jeanne. Née d'un premier mariage de François Le Her (l'assassiné), elle a épousé le frère aîné de Jeanne et vit avec le cadet. Les liens de ce drame sont aussi enchevêtrés que ceux d'une tragédie antique. Juliette, qui habite un petit pavillon à Persan Beaumont, refuse de considérer le jugement comme définitif. Elle veut sauver la mémoire de son père et prouver que Guillaume Seznec a aidé Jeanne à tuer son mari. Elle assure qu'elle a une nouvelle preuve : une lettre de Le Her. L'ère n'est pas encore révolue des affaires Seznec- Le Her. 

Reportage Penez-Constantin

(NDLR Jean-Paul Penez ???)

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Il y a tout dans cet article.

Qui est habilement ficelé.

Tout pour faire pleurer Margot.

Sur le sort des enfants, tout d'abord.

Quatre petits jetés dans cette galère.

Les deux derniers, Bernard et Denis, ignorant la vraie raison de la mort de leur père.

La photo de ces deux petits blondinets est juste splendide.

Le peu de revenus de Jeanne, ensuite.

Qui a bien du mal à boucler ses fins de mois.

Le coup de la prière et de la croix est génial.

Le malheur du pauvre bagnard, pour finir...

Le journaliste ne se soucie pas de savoir si oui ou non Guillaume Seznec est coupable.

Ce qui lui importe c'est de faire pleurer son lectorat.

Avec "Le poids des mots, le choc des photos"...

Mission réussie.

 

Liliane Langellier

P.S. Nomination d'Eric Dupond-Moretti comme Garde des Sceaux..

Lire l'article sur mon blog Chez Jeannette Fleurs :

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