Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.
12 Février 2020
Omnia ergo quaecumque dixeri vobis servate et facite : secundum opera vero eorum nolite facere ; dicunt enim et non faciunt.
Saint Matthieu 23 : 2,3 (*)
Oui, "faites ce que je vous dis, mais ne faites pas ce que je fais."
A écouter siffler le beau merle, mes papiers seraient cuits et re-cuits...
Mais que dire de quelqu'un qui puise sa documentation chez Hervé et Bal ????
Là, c'est carrément du "carbonisé" !
Car ces deux sbires-là étaient barges.
Et leurs écrits sont à prendre avec des pincettes.
Ou à ne pas prendre du tout, d'ailleurs !
Pour le juge Hervé, lire mon papier ici.
Enrichi des précieux documents transmis par Michel Pierre.
Pour Claude Bal...
Lire ici : Mais qui est vraiment Claude Bal ?
Enrichi des documents transmis par Denis Langlois.
Le livre du juge Hervé sort en 1933.
Celui de Claude Bal en 1955.
Chez Claude Bal, on peut lire en page 169 :
"La police, bien entendu, néglige d'interroger ce M. Bollon, qui donnait si simplement son adresse (NDLR Papier sur Bollon à venir).
Cependant, le juge Hervé, plus curieux que les policiers qui menèrent l'enquête, s'est rendu à Neuilly-sur-Seine, 33 avenue Sainte Foy. Il a rencontré M. Bollon et celui-ci lui a décrit l'affaire des Cadillac dans toute son ampleur. L'ancien juge d'instruction a rapporté cet entretien :
"L'affaire des Cadillac fit fureur dans le monde automobile en 1922 et 1923. Nombreux sont ceux qui firent fortune en achetant et en revendant des Cadillac. Presque tous étaient d'anciens conducteurs de taxis (NDLR Tiens, tiens revoilà mes Russes blancs ?) qui prirent boutique et dont on fit des commerçants en pièces détachées américaines. Ils achetaient en moyenne dix à quinze mille francs les véhicules qu'ils trouvaient aux mains des particuliers et qu'ils écoulaient au prix uniforme de trente mille francs. Le bénéfice était joli. M. Bollon, qui est désormais à la tête d'une très grosse affaire d'automobiles, nous a cité tel chauffeur de taxi ayant gagné en quelques mois plusieurs millions, tel autre, petit garagiste, que les transactions sur les Cadillac ont placé à la tête de l'une des principales agences d'automobiles de Paris, etc.
Ces fortunes scandaleuses, édifiées en si peu de temps, firent qu'on parla beaucoup à Paris et ailleurs de l'affaire des Cadillac. Il est étrange que la justice et la police n'en aient pas eu connaissance. La presse non plus n'en parle jamais."
Le juge Hervé était, lui aussi, sur la bonne piste. Il apprit tous les détails de l'affaire et il les relate dans de longs rapports. Il précise notamment :
"Les Cadillac raflées dans Paris, les opérations allaient se continuer en province. C'est ainsi que la Banque Besseyre des Horts, à Landerneau, indiqua, comme susceptible d'être choisi comme intermédiaire en raison de son honorabilité, M. Pierre Quemeneur, négociant, brasseur d'affaires ; conseiller général, il avait une situation politique qui répondait de sa discrétion. Ces renseignements se trouvaient au dossier d'information, et établissent péremptoirement la réalité de l'affaire des Cadillac, qui mit en rapport Pierre Quemeneur et Seznec."
Dites-vous bien que sur 241 pages du livre de Claude Bal, l'affaire des Cadillac et l'enquête sur Gherdi, sur le troquet "Au Tambour" ou sur la guinguette "Au canon de la Marne" ne commence que page 163 pour finir page 233, soit 70 pages !!!
Claude Bal...
Je tombe, en page 186 sur un N.B. des plus intéressants :
"Pour des raisons que le lecteur devinera aisément, nous devons rester discrets en ce qui concerne l'enquête sur "l'Affaire des Cadillac".
Cependant voici l'histoire sommaire du Parc des Expositions de l'avenue de la Bourdonnais :
1) Aussitôt après la première guerre mondiale : Plusieurs sociétés louèrent la moitié du Champs-de-Mars et créèrent Le Parc des Expositions.
2) En 1920 : Un scandale est sur le point d'éclater. Ces sociétés se livrent à des trafics sans précédent. On étouffe le scandale et les Domaines, qui viennent d'être créés en France, se livrent à l'une de leurs premières opérations : ils s'installent au Champ-de-Mars.
2) En 1921 : Que ce soit sociétés privées ou Domaines, on trafique toujours au Parc des Expositions. Quelques histoires de pots de vin et de ventes non déclarées risquent d'être relatées dans la presse. Le public doit tout ignorer ! On étouffe donc, une fois encore, un joli petit scandale et, pour plus de sûreté, en juillet 1921, on ferme le Parc des Expositions.
4) De juillet 1921 à mai 1923 : On a supprimé les sociétés, puis les Domaines, mais les mercantis de l'avenue de La Bourdonnais se livrent toujours aux mêmes trafics. Il n'ont pas déplacé leur quartier général : le café Au Tambour, où ils règlent leurs affaires.
5) Fin mai 1923 : Pierre Quemeneur, conseiller général républicain démocrate disparait. Il est temps de quitter les lieux ! On transporte le Q.G. ailleurs et Berthe Rallu, tenancière du Tambour, vend son établissement à M. Moreau, le 1er juin."
Le trafic des Cadillac
Il a existé. Comme tous les trafics relatifs aux stocks américains. Il n’a certes pas soucié les enquêteurs de 1923, comme le souligne Bernez Rouz, en pages 139/140 de son ouvrage paru en mars 2005 :
« Seznec est très bavard au début de l’enquête sur ses petits arrangements avec Quéméneur pour acheter et revendre les voitures américaines. Ce petit trafic est tout à fait licite et constitue le but de leur voyage à Paris. Très curieusement, aucune investigation ne sera diligentée sur la filière des voitures américaines. Personne ne souhaitait visiblement soulever le couvercle des scandales liés à la liquidation des stocks en amont de notre petit trafic. Personne non plus n’a creusé l’aval de cette affaire , à savoir ce que devenaient ces voitures une fois rendues à Paris. (…)
(…) Ce que l’on connaît du trafic des Cadillac vient exclusivement des déclarations de Guillaume Seznec, et de celles de Pierre Quéméneur rapportées par les témoins de l’affaire. Aucune enquête n’a été jointe aux pièces du dossier concernant la réalité de ce trafic qui n’est toujours pas avéré. »
Bernez Rouz appuie son argumentation par la citation d’un article de la revue L’Histoire, septembre 2001, entretien avec Michel Pierre, historien (cité par France Justice, circulaire n° 19, 15 avril 2002) :
« En 1923, en pleine Nouvelle politique économique (NEP), l’Union soviétique sauf peut-être de façon très marginale, négocie d’autres marchés, sans s’encombrer de possibles achats de véhicules vieux déjà de cinq ans et souvent en mauvais état. Dès lors, l’hypothèse de l’affaire d’Etat ne tient pas. »
Et…….
Maintenant…………...
Vous n'allez pas en croire vos yeux...
C'est bien ce que je vous écris...
Vilain, c'est tout et l'envers de tout.
Albert Baker et Bertrand Vilain, dans leur livre « L’affaire Seznec, nouvelles révélations » (CDRom août 2008, livre mai 2011 ) écrivent en pages 44/45 :
« Parmi les documents composant le dossier, il y avait un ouvrage publié en 1919 par Cadillac Motor Car Company : Cadillac participation in the World War (NDLR Je rappelle que La Library of Congress de Washington m’a envoyé, le 4 septembre 2008, copies des pages citées) : Il détaille l’effort que cette société a consenti pendant la Première Guerre mondiale. Sont publiés les noms de tous les salariés qui ont été mobilisés ainsi que les soldats tués ou blessés lors des hostilités. Sont aussi décrits les matériels fabriqués par les usines Cadillac qui ont servi sur le front. (…)
La firme Cadillac a expédié 2095 automobiles en Europe pendant la totalité du conflit. Ces véhicules étaient soit des « standard seven-passenger », c’est-à-dire le véhicule standard 7 places assises torpédo ou soit uniquement des châssis. Une partie des véhicules avait été livrée en France et disposait d’une conduite à gauche. Une autre partie de ces véhicules à destination des armées du Commonwealth disposait de la conduite à droite et avait dû transiter par l’Angleterre, probablement Liverpool. Les armées britanniques utilisèrent les Cadillac pour le transport d’officiers. Un certain nombre furent notamment carrossées en ambulance. »
………………………......……………….
Rien à ajouter sur les mauvais livres d'Hervé et de Bal...
Ah si...
Ne pas oublier que ces deux livres manquaient totalement d'objectivité car ils étaient écrits à la gloire du bagnard Seznec.
Et incriminaient directement Pierre Quémeneur.
Pour le livre du juge Hervé, on peut le lire en direct ici.
Liliane Langellier,
L'Oprah Winfrey de l'affaire Seznec.
(*) "Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font pas."