Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur l'affaire Seznec. Plus de 880 articles.
10 Avril 2018
Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
Nicolas Boileau
Il faut tout reprendre.
Date par date.
Pour savoir très exactement qui nous a fixé les dates.
Je travaille principalement avec l'ouvrage de Bernez Rouz.
Parce que, Bernard, lui, il ne sert aucune cause.
Il essaye juste d'écrire comme un journaliste historien.
Avec les distances aux faits nécessaires.
Le Dimanche 20 Mai 1923
"J'avais passé les fêtes de la Pentecôte, c'est-à-dire les journées des 20 et 21 mai, en compagnie de M.Quemeneur, mon beau-frère. Le dimanche 20 mai nous avions quitté Landerneau vers midi pour aller aux courses de Commana. M. Quemeneur est rentré le soir même à Landerneau, tandis qu'avec ma femme et mes enfants, je restais à Saint-Sauveur où il y avait fête le lendemain."
(Rouz page 80)
C'est bel et bien Jean Pouliquen qui nous raconte tout ça.
On est à20 h 30 Guillaume Seznec appelle.
C'est toujours Jean Pouliquen qui raconte.l'automne 1923.
Guillaume Seznec est en taule.
Il attend son procès.
Le Lundi 21 Mai 1923
Jean Pouliquen, Jenny Quémeneur et Pierre Quémeneur arrivent à Landerneau vers 20 heures.
A 20 h 30, Guillaume Seznec téléphone.
C'est toujours Pouliquen qui nous l'apprend dans sa primo-enquête.
Seznec téléphone pour donner rendez-vous à Pierre Quémeneur le lendemain à Brest.
Guillaume Seznec confirme ces dires dans la confrontation Pouliquen-Seznec du 28 juin devant le commissaire Vidal.
Le Mardi 22 Mai 1923
Là on a un troisième personnage qui intervient dans notre pièce : Julien Legrand.
Je suis plus que réservée sur Legrand.
Donc c'est Legrand qui confirme que Quémeneur attendait bien Seznec en bas de chez lui.
Les deux hommes arrivent à Brest.
C'est Guillaume Seznec qui raconte devant le commissaire Cunat (Rennes) le 26 juin 1923, que Quémeneur lui aurait dit de ne pas changer ses dollars.
Pierre Quémeneur va voir son banquier Gabriel Saleun à la Société bretonne de crédit et de dépôt.
Pour lui demander 100.000 Francs.
Qui lui sont refusés.
(Déposition de Gabriel Saleun le 28 juin 1923).
Pendant ce temps, Guillaume Seznec a rencontré Me Vérant au bas de la rue de Siam.
Curieuse rencontre dont Jean Vérant ne témoignera que le 5 novembre 1923.
"C'est à la terrasse du café, selon le maître de scierie que la vente de Traou Nez se serait conclue"
(Rouz en page 64)
"Selon le maître de scierie" = la version de Guillaume Seznec.
"Dans une deuxième version des faits, Seznec dira au juge Campion que c'est dans la Panhard entre Brest et Lesneven qu'il remit les dollars à Quémeneur."
(Rouz en page 65)
Deux versions.
Guillaume Seznec donne 2 versions de l'acte le plus important de toute cette histoire !
La remise des dollars en échange de la promesse de vente de Traou Nez.
Les deux zèbres vont à Lesneven chez Le Verge acheter une voiture.
Attention !
Aucun témoin ne signale la présence des dollars or.
Ni Legrand, ni Quémeneur, ni Me Vérant, ni le directeur de L'Hôtel des Voyageurs à Brest, ni Pélagie Caradec, la bonne des Quémeneur.
Dans sa déposition du 2 août 1923, Le Verge est-il bien sûr de la date?
Donc on a Legrand, Saleun, Vérant et Le Verge comme témoins.
Le 22 mai au soir Quémeneur raconte à Legrand
L'ancien maire de Landerneau.
Qui n'avait déjà pas été clair dans l'affaire de la Grande-Palud.
Et dont le témoignage est à prendre avec des pincettes.
Ou plutôt à ne pas prendre du tout.
Legrand maire en 1908.
Curieuse attitude du banquier.
Saleun est très pote avec Quémeneur, on peut lire en page 20 chez Denis Langlois :
"(...) Et effectivement une demi-heure plus tard, il rejoint Quémeneur à la terrasse de l'Hôtel des Voyageurs. Seznec n'est pas présent, du moins Saleun ne le remarque pas."
3. Me Julien Vérant
Le témoin tardif...
Oui, le 5 novembre 1923 !
Le notaire de Guillaume Seznec.
Vérant. Le notaire de Seznec.
Qui serait le seul à avoir vu les dollars...
Ou plutôt quelques dollars.
Que Seznec lui aurait présenté en février ou mars 1923.
Pour en connaître la valeur.
En-dehors de ceux échangés au Crédit Lyonnais.
"Le 15 mai, Seznec avait changé à l'agence du Crédit Lyonnais de Morlaix, trois pièces d'or américaines, l'une de quatre dollars, les autres de deux dollars pour la communion de sa fille."
Me Vérant chez qui a travaillé... Jean Pouliquen !
4. Le meunier Le Verge
Et son fameux acte de vente d'une voiture qui aurait servi à la confection des fausses promesses de vente..
On le sait tous...
La date sur un contrat ou une promesse de vente n'est pas obligatoirement la date où l'acte a été signé.
in livre de Denis Seznec
Le Mercredi 23 Mai 1923
Guillaume Seznec va récupérer la Cadillac chez Jestin à Landerneau.
Il se procure aussi un passavant pour le voyage à Paris.
Il est seul à nous raconter cette journée.
Et si il a fait ça "tout seul"...
Vous avez raison, Marc, il avait un sacré aplomb.
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Donc,en clair, pour ces quatre jours, du dimanche 20 Mai 1923 au Mercredi 23 mai 1923 inclus...
Nous n'avons que les paroles de Jean Pouliquen et Guillaume Seznec.
Julien, Saleun, Vérant auraient pu faire des faux témoignages.
Leverge aurait pu être contacté n'importe quel autre jour pour la vente de sa Cadillac.
Je reviens donc sur ma première thèse :
Seuls Jean Pouliquen et Guillaume Seznec ont pu manipuler les faits pour les faire coller à leurs dates.
J'attends vos remarques...
Liliane Langellier
P.S. Voilà où Skeptikos nous parle dollars :