30 Août 2015
« Chaque belle-mère est un morceau de la culotte du diable. »
Proverbe alsacien
Il y a toujours l'image derière l'image...
Pour avoir vécu aux Etats-Unis, la coutume de la carte de "Merry XMas and Happy New Year" m'a toujours tapé aux nerfs.
Sont alignés dans leurs plus beaux atours : le père, la mère, les mômes et même parfois le chien.
Aucune famille n'y échappe.
Ce serait sacrilège !
Il faut paraître.
A défaut d'être.
Oui, Brel, l'a chanté aussi avec ses "Flamandes"....
Montrer que tout va bien.
Alors que c'est l'ouragan au quotidien.
Et que les mômes, à cinq ans, se retrouvent sur le divan du psy, parce que papa/maman, c'est pas vraiment ça, et qu'ils commencent déjà à développer des désordres certains...
Mais revenons au couple qui nous préoccupe...
1/ De l'attachement à sa mère
Yves Seznec, père de Guillaume meurt en Janvier 1884.
Guillaume n'a pas encore 6 ans.
Il a deux soeurs plus âgées : Marie, l'aînée (1872) et Marianne (1875).
Son frère, Hervé, né en 1877, décède en décembre 1884.
Guillaume, né le 1er mai 1878, est "le petit dernier".
C'est dire si Marie-Anne Colin-Seznec va reporter sur son dernier garçon tout l'amour d'un mari et d'un fils disparus.
Elle dirige de main de maître la ferme de Kernéol.
Et que l'on cesse les fariboles de "elle voulait que son fils fasse curé"....
Ceux qui possèdent fermes et terres - comme c'est ici le cas - n'ont qu'un seul souci dans leur vie, c'est la transmission à leur descendance.
Et si possible à un seul fils pour qu'il n'y ait pas partage des terres.
Suffit de lire "La terre" d'Emile Zola pour comprendre.
Suffit aussi d'habiter, comme moi, en Beauce pour le vivre de près.
Le père de l'un de mes amis cultivateurs a sangloté quand il a appris la naissance d'un second petit-fils : "Ben, dame, va falloir partager..."
On peut lire encore cette fable chez Denis Seznec en page 71 :
"Après l'école primaire, où il fut un élève médiocre, surtout en orthographe, la relative aisance de sa famille lui avait permis de fréquenter le petit séminaire du collège de Pont-Croix, avec en point de mire l'idée de devenir prêtre."
Là, on s'arrête deux minutes.
Sur le petit séminaire de Pont-Croix.
Il ne faut pas confondre le petit séminaire et le grand séminaire.
La plupart des familles aisées ont envoyé, à cette époque, leurs fils au petit séminaire.
Car l'enseignement y est meilleur. Et plus pointu.
Sans aucun doute, ce genre d'établissement fournissait un lieu de recrutement pour l'Eglise. Mais ce n'était pas sa vocation première.
"En France, le séminaire proprement dit est appelé Grand séminaire. Par opposition, le Petit séminaire est une école de niveau secondaire (collège, lycée) qui forme aussi bien des futurs séminaristes du grand séminaire que des élèves qui resteront laïcs. Le terme et l'institution sont désuets en Europe, mais le petit séminaire a eu une grande importance sociale jusqu'au milieu du vingtième siècle. C'était souvent l'un des seuls moyens de s'instruire pour les enfants intellectuellement doués vivant à la campagne, que les curés de paroisse repéraient et dont l'Église prenait en charge les années d'études secondaires, en proposant aux meilleurs d'accéder au grand séminaire. C'est aussi au petit séminaire que la petite bourgeoisie catholique envoyait de préférence ses garçons pour qu'ils reçoivent une éducation classique de qualité dans un milieu moralement exigeant. L'internat était la règle et la discipline rigoureuse."
In Wikipedia.
Je ne sais pas d'où Petit-Fils Premier nous sort l'histoire de la lavandière dont son grand-père tombe amoureux.
Ce qui lui vaut un renvoi du petit séminaire.
J'opterais plutôt pour l'option paresse et mauvaises notes.
Et surtout parce qu'il ne voulait plus y rester.
Et que sa mère lui cédait tout.
"Tu avais presque dix-huit ans. Ta mère s'est laissée convaincre que tu serais plus utile à la ferme qu'au collège.Tu étais le seul garçon, presque l'aîné, il était normal que tu te prépares à reprendre un jour l'exploitation."
in Denis Langlois "L'affaire Seznec" en page 10.
A la ferme, c'est un vrai boulet.
Il ne se trouve bien qu'au moulin où il peut bricoler et roupiller à son aise.
Pas un foudre de guerre, côté boulot, quoi.
Arrive enfin le service militaire. Un an. Car fils de veuve. Et soutien de famille.
Classe 1898.
Voilà qui nous mène à 1899.
Il a fait quoi Guillaume Seznec de 1899 à 1906 ???
Il aurait surtout fréquenté les foires. Pour vendre et acheter le bétail aux maquignons.
Cela lui a permis d'acquérir toutes les ruses nécessaires à un tel commerce.
C'est surtout dans le travail du bois et du fer que Guillaume s'éclate.
Oui, dans ce qu'il aime, quoi.
"Sans avoir jamais appris le travail du bois ou du fer, tu construisais toi-même les charrues et les chars à banc." in Denis Langlois en page 11.
Avec la bénédiction de sa maman, quand même, hein.
A cause d'elle, il ne s'est jamais soumis à aucune autorité.
On ne peut guère imaginer Guillaume Seznec travaillant chez un patron : horaires à respecter, obéissance aux ordres de son supérieur, comptes à rendre, etc...
Cela expliquera - tout simplement - pourquoi, par la suite, il n'a jamais pu se soumettre aux lois. Et s'est toujours violemment révolté quand on lui demandait de payer ce qu'il devait.
Car c'était un violent et un procédurier.
En cédant à toutes ses volontés, Marie-Anne Colin-Seznec a marginalisé son fils.
Mais revenons à la ferme.
Voilà que la soeur aînée se marie avec un certain Gadal.
Qui tanne Marie-Anne Colin-Seznec pour que le partage soit fait.
"En 1904, tu avais vingt-six ans, ta mère a pensé qu'il était temps de passer la main. Marianne et le beau-frère Gadal la tannaient pour qu'elle partage la propriété. Elle s'est laissé fléchir et a convoqué le notaire pour une donation. On a divisé en trois parts (ndlr la soeur aînée, Marie, est morte en 1896). Le beau-frère a fait une affaire. Il a eu la ferme de Kernéol et le moulin. Toi, moyennant une indemnité, tu t'es contenté d'une petite ferme éloignée. Ta mère a eu pour le restant de sa vie les revenus de la troisième ferme du domaine."
in Denis Langlois en page 11.
Et oui, c'est curieux que le gendre soit ainsi préféré au fisset.
Mais le fisset, côté mener une ferme, c'était pas son truc, alors....
Donc, une enfance hyper choyée par une maman qui lui cède tout.
Elle fera son malheur.
Mais Sigmund Freud ne paraissait hélas pas en feuilleton dans la presse locale...
2. Du mariage et de son épouse
Nul doute que Guillaume Seznec épouse une jeune fille qu'il aime.
Comme il sait aimer, hein ?
Car bien garder à l'esprit que sa première image de la femme fut Marie-Anne Colin.
Autant dire : un désastre.
C'est en recopiant, hier, dans le livre de Rieux Nédelec la phrase :
"Marie-Jeanne aimante et docile épouse, avait été enceinte neuf fois en ces huit années de mariage. Neuf grossesses mais seulement quatre enfants vivant."
Que j'ai réalisé ce qu'elle avait dû vivre.
Dans son corps. Et dans son coeur.
Avec le chagrin de la perte de deux enfants en bas âge (Jean Guillaume en 1907 et Joséphine en 1910).
Aucun auteur ne nous les a signalés. Seules les archives de Plomodiern ont parlé à qui a bien voulu les interroger !
Pas étonnant que la malheureuse soit "d'une santé un peu précaire".
Surtout qu'elle a subi l'ablation d'un rein.
"Elle était de complexion délicate, tout en nerfs" ose nous écrire Momo Privat.
Il aurait dû s'essayer à 9 grossesses en 8 ans, histoire de voir....
Le petit dernier, Albert, est né fin octobre 1914.
En plein début de Première Guerre Mondiale.
Guillaume Seznec est à Brest.
Où il a fini par ouvrir une blanchisserie.
Un bureau cagibi "pour faire chic" rue de l'Amiral Linois. Et des machines dans un hangar à Saint-Pierre-Quilbignon.
Ont-ils gagné beaucoup d'argent. Ou pas.
Je ne saurais vous le dire.
L'affaire Seznec revisitée avait écrit deux articles à ce sujet :
"Le roman familial de Denis Seznec prend du gîte"
"La cassette des dollars or : oubliée à la terrasse chez Lombard"
Je ne me risquerai pas à essayer de faire mieux....
Début 1918, le régiment de Seznec est transféré de Brest à Morlaix.
C'est là que prend place le récit de l'odieuse façon dont Guillaume Seznec a acquis sa scierie morlaisienne.
Et qu'Olijuseb a retranscrit sur le forum J.A.C. (Justice Affaires Criminelles).
Et QUI vient aider ce pauvre Guillaume à Morlaix, pendant que Marie-Jeanne trime à Saint-Pierre-Quilbignon ?
Ben sa maman, bien sûr.
Le couple se reforme.
Marie-Jeanne n'a jamais pu trouver sa véritable place d'épouse.
A cause et uniquement à cause de sa garce de belle-mère.
Et de la faiblesse de son époux.
3. De la rencontre avec Pierre Quémeneur
Alors, là, on est dans le vague le plus complet.
Des amis de guerre ?
Voilà qui m'étonnerait beaucoup.
L'un fait dans la lessiveuse et l'autre dans les poteaux de bois.
Je parierais plutôt pour l'année 1922.
C'est la dèche totale pour Seznec.
Entre ses affaires foireuses et ses dettes impayées.
Quelle belle vie pour Marie-Jeanne....
Qui na pas dû dormir toutes les nuits.
Qui n'avait peut-être pas dépassé le niveau du Certificat d'Etudes à l'école locale (aucun renseignement à ce sujet) mais qui assurait d'une main ferme toutes les correspondances de son mari.
Comme vous pouvez le voir en documents annexés avec une lettre à Le Doaré de février 1920.
Arrive alors la question pour un champion :
Marie-Jeanne est-elle devenue la maîtresse de Quémeneur ?
Parce que ça arrive quand même dans la vie les coups de foudre. Et ça arrive aussi que les gens concrétisent tôt ou tard en devenant amants.
C'est ce que nous affirme - sans en démordre - Eliane Berthou. Qui en a souvent parlé avec Jeanne Seznec. Quand Guillaume a passé un an dans la ferme de ses parents (1947/1948). Et au moment de l'assassinat de Le Her.
Maître Langlois, lui, est plus prudent.
Plus prudent ?
Pas si sûr.
Il faut d'abord aller lire ce qu'en dit le Juge Favard en pages 92/93 de son livre "Quelques affaires retentissantes..." (publié après sa mort, le 18 janvier 2010) :
"Car voici que Denis Langlois, après avoir obtenu une copie de la décision de la Commission, souhaitait me rencontrer (...) J'eus droit en supplément à une version inédite de la mort de Quéméneur. Au lieu de se rendre à Paris, celui-ci serait rentré en Bretagne pour rejoindre Marie-Jeanne Seznec dont il aurait été l'amant ! Du coup, c'était à Morlaix que Quéméneur aurait été tué, lors du retour de Seznec. Ce qui expliquait qu'une partie de la famille se soit montrée très réservée sur l'opportunité des diverses demandes de révision."
On imagine assez mal Denis Langlois mentir au Juge Favard.
Ou le Juge Favard mentir dans ses écrits.
Dans le dernier livre de Me Langlois "Pour en finir avec l'affaire Seznec", quelques pistes, sur un éventuel cocufiage, sont disséminées ici et là.
Un vrai jeu de piste pour les retrouver.
Voilà qui tombe bien, j'ai toujours aimé les jeux de piste.
Bas de page 234, on peut lire :
"On a la très nette impression que, non seulement Seznec se fiche du sort de son ami Quémeneur, mais qu'en plus il a contre lui un grief qu'il ne peut révéler."
En page 235 :
"Si Quémeneur est mort dans le salon de Morlaix en son absence, il n'est guère concevable que Seznec ne se pose pas certaines questions. Pourquoi Quémeneur est-il retourné à Morlaix où il savait que Marie-Jeanne était seule, puisque lui était sur la route à plusieurs centaines de kilomètres de là ? (...) La version de Marie-Jeanne correspond-elle à la vérité ? N'a-t-elle pas menti pour dissimuler quelque chose ? Ses rapports avec Quémeneur qui venait souvent coucher à la maison sont-ils vraiment ceux qu'elle décrit ?"
Fin août 1924, Seznec tente de s'évader. Il écrit une sorte de lettre testament où l'on peut lire (in Denis Langlois en page 237) :
"Mais je ne saurais étouffer la voix du doute. Cette crainte, rien ne peut la détruire en moi. Telle sera, ma chère Marie-Jeanne, la cause de ma mort."
C'est quoi "la voix du doute" ???
Oui, je vous le demande, c'est quoi ???
C'est une hypothèse que présente également Bernez Rouz dans son Chapitre 6 : "Seznec serait le meurtrier". En page 151 :
"Pierre Quéméneur venait régulièrement chez les Seznec depuis 1922, il couchait parfois dans la demeure de Traon-ar-Velin. (...) Il faut savoir que Seznec était très souvent absent et que Quéméneur arrivait à l'improviste lors de ses nombreux déplacements à travers le département pour ses affaires de bois."
Landerneau / Morlaix = 39 kilomètres.
Etait-ce bien raisonnable que notre Pierrot ait sa propre chambre à la scierie ?
Et quel mari aurait pu supporter ce genre de situation (pas le mien, en tout cas !)
Je vous épargne les ragots morlaisiens.
Car des boîtes à ragots il y en a partout.
Et elles font hélas parfois de douloureuses victimes.
Juste pour terminer, et histoire de vous montrer l'attachement de Guilaume pour sa mère qu'il savait détester Marie-Jeanne, on peut lire chez Langlois en page 236, en reproduction d'une lettre que Seznec écrit à sa mère :
"Aujourd'hui si tu veux me rendre heureux, demande excuse à ma femme des ennuis que tu as pu lui occasionner et pardonne-lui également ce qu'elle a pu te faire de son côté. Fais le premier pas, je t'en supplie. Aide-la à élever nos chers petits."
C'est un peu tard.
On connait la suite de l'histoire.
Le pli était pris.
La belle-doche est au gouvernail.
Pendant le procès quand l'une rentre, l'autre sort.
Après le procès, Marie-Jeanne ira se placer comme bonniche à Paris.
Ni sa charmante belle-mère, ni Marianne Petitcolas (riche à en crever) sa belle-soeur, divorcée de Gadal et remariée, ne l'aideront dans son martyre.
Elles iront jusqu'à pousser la vacherie à ne pas rapatrier, lors de sa mort en mai 1931, le corps de Marie-Jeanne sur Plomodiern.
C'est la belle-mère qui reprendra le dossier de défense de son fisset chéri.
Et qui s'empressera de faire tout le contraire de ce qu'avait entrepris sa belle-fille.
Pas certaine que la jolie fille du grainetier ait épousé le bon chopin...
Et si elle l'a cocufié, je suis, sans aucune hésitation, de son côté.
Par son inconstance, son égoïsme et ses affaires foireuses, il lui en avait fait voir de toutes les couleurs, le Guillaume !
Ce que c'est que d'avoir été un enfant trop gâté !
Filles qui allez vous marier, demandez une étude approfondie du caractère de votre future belle-mère.
Et si c'est elle qui gouverne votre futur mari...
Fuyez pendant qu'il en est encore temps !
Liliane Langellier
P.S. Je tiens à préciser que je n'ai JAMAIS écrit dans aucun article de ce blog (ouvert depuis le 18 août 2010) l'adjectif ou le nom "criminel" concernant Guillaume Seznec....
Je déplore d'avoir à lire de tels posts toujours sous la plume de "Breizh", sur J.A.C., le 31 août à 12 h 48 :
Monsieur Skeptikos
Je revendique le droit d'exprimer mon opinion. Dès samedi j'echangeais avec Olijuseb sur le profil psychologique du couple Seznec. Dimanche on m'oppose sur le blog ASI la version du cocu criminel. J'estime de mon devoir d'apporter aux lecteurs de JAC un autre éclairage même si ça me vaut d'être agonie d'injures. Croyez moi, cela ne m'amuse pas !
Gallica -Ouest Éclair, Rennes. Numéro 7958 du 29/6/23, p.1
"Ce matin nous avons vu sa femme tout en larmes :"Mais non dit-elle en sanglotant, que veut on à mon mari ? Il n 'est pour rien dans cette affaire !" Et ces mots que scande un accent breton très prononcé, ont une singulière force persuasive. "
Je ne sais pas Monsieur Skeptikos d'où vous vient l'autorité de faire le ménage sur ce forum. LaLangelliere à fait des recherches sur Facebook et a découvert que je suis psychologue clinicienne, ce que j'ai confirmé. Tout le monde peut s'exprimer sur ce forum. J'ai lu sur votre blog que les injures entre gens civilisés ça vous les gonflait !
Beaucoup plus simple !
J'ai juste gougueulisé ses nom et prénom (puisqu'elle signait ainsi le premier conte qu'elle m'a envoyé).
C'est alors que j'ai découvert qu'elle se déclarait "psy".
Je lui suggère donc de faire un procès à Google pour avoir osé reproduire ce qu'elle avait écrit comme commentaire d'un article sur LePlusObs.
Par la même occasion, elle va lire au Larousse la définition du mot "injures".
Et elle se renseigne sur ce que coûte un harcèlement sur Internet.
Histoire de voir...
Pas besoin d'être experte en psychomorphologie pour décrypter la bonté sur le visage de la mère de Seznec !
Quand on a un coeur de pierre, rien ne sert d'égrener tous les chapelets du monde. (Article in Détective Janvier 1933).
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