Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 1.000 articles.
3 Juin 2015
Je suis intriguée...
Oui, je suis intriguée...
Et je suis intriguée d'être la seule à être intriguée....
Parce qu'il faut bien dire que l'Immobilier, moi, c'est pas mon truc, et les chiffres, encore moins.
Pourtant....
Quand je lis ce qui suit chez Bernez Rouz en pages 33 et 34, mon bon sens de petite-fille de bougnate ne fait qu'un tour :
"Le manoir de Traou-Nez situé sur les rives du Trieux, en amont de Lézardrieux, fut acheté par Pierre Quéméneur le 17 avril 1920 pour 25 000 francs. Ce qui intéressait notre marchand de bois ce sont les 90 hectares de pins qui constituaient le domaine. La forêt de Penhoat-Lancerf est un des plus grands massifs forestiers des Côtes d'Armor. Celui-ci est exploité hardiment par Alphonse Querné, qui a la concession du domaine, sous la responsabilité de Louis Quéméner, frère du disparu.
Dès février 1922, Pierre Quéméneur souhaite se séparer de sa propriété. André de Jaegher, commissionnaire à Ploujean,soutient que Quéméneur l'avait chargé de la revendre pour 250 000 francs. Puis il confie la vente à l'agence Le Griguer de Paimpol : "J'ai plusieurs amateurs à ma propriété deTraou-Nez, et je reste engagé pour 200 000 francs", écrit-il en mai 1922; En octobre, il propose Traou-Nez à un iniustriel de la sardine de Douarnenez : M. Béziers. Il en demande 160.000 francs (....)
En janvier ou février, il propose à Seznec d'acheter la propriété. Il s'en ouvre à son beau-frère, le notaire Pouliquen, à qui il propose de s'occuper de la vente. Il en demande alors 140 000 francs."
Début mai, Quéméneur propose Traou-Nez pour 160 000 francs à Paul Uhl qui avait accepté un dernier prix de 140 000 francs.
Là, où il y a blocage, c'est que l'ami Pierrot craint une expertise des bois qui montrerait le peu de ressources du domaine. Qu'il a allégrement pillé pendant plusieurs années puisqu'il aurait vendu pour 100 000 francs de bois en trois années d'exploitation.
Conclusion : "Traou-Nez fut vendu par les consorts Quéméner en 1925 pour 115 000 francs au docteur Orgebin de Nantes" (in Rouz en page 35).
17 avril 1920 : Pierre Quéméneur achète Traou-Nez pour 25 000 francs.
Février 1922 : il charge de Jaegher de la revendre pour 250 000 francs.
Soit..... 10 fois plus cher qu'il ne l'a achetée et alors qu'il a pillé le domaine forestier.
Quelque chose ne va pas quelque part.
Et personne ne s'étonne ???
J'ai juste une question subsidiaire avant de clore ce très court article :
Quelqu'un pour me dire si notre notaire Pouliquen, dûment installé à Pont-L'Abbé par la grâce du fric de son beauf, a participé à la signature du tout premier achat d'avril 1920.
Oui, je dis bien au tout premier achat : quand Pierre Quéméneur achète Traou-Nez pour 25 000 francs.
N.B. Un petit rappel pour les distraits : Marianne-Rose-Laurence Quéméner épouse Jean Pouliquen le 20 janvier 1920.
En avril 1920, Pouliquen n'est que clerc de notaire à Châteaulin. Mais un clerc de notaire peut être habilité par son notaire à signer une vente de propriété.
Pierre Quéméneur prête les 100 000 francs nécessaires à l'achat de l'étude de Pont-L'Abbé le 10 mai 1920.
En fait, ma question, elle est toute simple :
"Est-ce que les promesses de ventes faites à Guillaume Seznec pouvaient embêter Jean Pouliquen ?"
A vot" bon coeur.
Liliane Langellier
(ndlr C'est fou quand même, en une page de Rouz on retrouve : Querné, de Jaegher, Seznec et Pouliquen. Sacré Traou-Nez, va !)
P.S. Merci au commentaire de Youenn.
En cherchant un peu plus....
C'est donc Victor Burtin, un ancien Juge de Paix (1874/1878) de Haroué (25 km de Nancy) qui vend Traou-Nez à Quémeneur.
Il serait d'ailleurs intéressant de savoir quand et à quel prix Victor Burtin a lui-même acheté la propriété (à suivre)...
Et c'est un autre Juge de Paix, Charles Victor Hervé (Pontrieux 19/12/1919 au 24/01/1926) qui s'obstinera à en faire le lieu du crime (dans un ridicule vaudeville plus digne de la une de "Closer" que de s'appeler pompeusement "la piste de Traou-Nez").
Un rapport ? #oupas
Je me suis toujours demandé comment le juge Hervé avait atterri sur l'affaire Seznec.
Et je ne crois pas au hasard.
P.S. 2 Jusqu'à preuve du contraire, Le Marquand, Burtin, Quémeneur, le docteur Orgebin, ce sont toujours des hommes seuls qui achètent Traou-Nez ????
Pas des gens vraiment du coin : Le Marquand Dinard, Burtin Nancy, Quémeneur Landerneau, Orgebin Nantes !
Et pour ne pas y vivre.
Et qui ne la gardent pas longtemps.
Appartiennent-ils à un cercle ? A un club ?
Burtin, il vient quand même de Nancy et c'est pas pour habiter là tout seul à 77 ans.
La propriété est isolée et pas franchement gaie mais on peut y être peinard.
Cette propriété a-t-elle un secret comme seules les légendes bretonnes savent nous en conter parfois ?
Ou plus prosaïquement peut-elle servir à des réunions secrètes ???
Elle a été construite dans la seconde moitié du XIXème siècle.
Reste à savoir par qui, ce qui pourrait être un indice.
Et quelle est l'ancienne histoire de ces terres (cérémonies druidiques ou autres...)
D'autre part, si vous regardez le C.V. des différents propriétaires, Guillaume Seznec, il n'avait vraiment pas le profil de l'acheteur rêvé... Et que serait-il venu faire dans ce trou perdu ???
Lu sur bretagnenet.com :
"L'accès à la propriété est difficile : il faut emprunter un long chemin étroit, sinueux et escarpé. Le manoir est isolé : par ce chemin, la maison la plus proche est située à environ 5 kilomètres (Penhoat).
Le village de Lancerf (où Alain Barbe Torte aurait vaincu les Normands) n'est qu'à un kilomètre, par la mer ou par la voie ferrée qui passe dans la propriété et longe le Trieux."
En clair et non crypté, moi, la seule chose qui m'intéresse à Traou-Nez, c'est la dalle en schiste bleu ("ein glaz" en breton) qui a coûté la vie à l'ancien gardien Samuel Rivoal (in "L'affaire Seznec" de Denis Langlois en pages 386 et 387)
Son symbolisme.
Et les cérémonies qui pouvaient y avoir lieu.
Mais je cherche.... Je cherche....
Et il paraît que quand on cherche, on trouve !
Oui, j'oublie de dire que Traou-Nez a été vendu par le docteur Orgebin en 1930 à un certain Samuel Rivoal, négociant, originaire de Guiscriff (Morbihan). En 1942, Samuel Rivoal y installera, en qualité de locataire, son neveu, Samuel Rivoal, qui porte le même nom et le même prénom que lui.
Et que la propriété a été construite en 1860 "par un homme accablé par la folie de son fils pour qui les médecins avaient prescrit la solitude la plus totale."
Parle-t-on là de Ferdinand Le Marquand de Dinard ?
Le deuxième propriétaire, c'est Victor Burtin qui l'achète en 1908.
Le troisième, c'est Pierre Quémeneur qui l'achète en 1920.
Le quatrième, c'est le pharmacien Léon Orgebin qui l'achète en 1925.
Le cinquième, c'est Samuel Rivoal (17/2/1888 - 7/4/1979) qui l'achète en 1930.
De 1930 à 1942 : Jean Tanguy, locataire (cultivateur au Danot par la suite).
De 1942 à 1947 : Samuel Rivoal, le neveu, locataire.
De 1947 à 1949 : Laurent de Kerlo, locataire.
De 1949 à ??? : M. et Mme Blanchardon, locataires (élevage de bergers allemands).
(ndlr ce sont eux qui sont sur place quand Jeanne Seznec vient faire ses fouilles illégales après le rêve de son père en décembre 1953.)
1982 : Achat par le Conservatoire du Littoral.