Le blog de Liliane Langellier. Premier blog sur 'affaire Seznec. Plus de 990 articles.
27 Juin 2015
"J'ai des questions à toutes vos réponses."
Woody Allen
J'en ai plus d'une qui me trotte dans la tête....
Alors, pour la désencombrer, je vais les poser là...
1/ Pourquoi le notaire Jean Pouliquen n'a-t-il jamais parlé de la B.P.C. (Banque Privée Coloniale) avec laquelle Pierre Quémeneur était en relation pour un poste de directeur d'agence, voire pour entrer au Conseil d'Administration ?
J'ai eu beau lire et relire la primo enquête, pas un mot.
Pas un mot non plus dans tout ce qui a été publié à l'époque.
- Pourtant ils avaient une agence à Pont-l'Abbé, et ça, ça n'avait pas pu lui échapper...
- Aucun échange de courriers Quémener / B.P.C. n'a été retrouvé lors de la perquisition de Ker Abri du 29 juin 1923. Où il y avait eu un grand nettoyage de printemps juste avant...
"Cette visite ne surprend personne, car, contrairement à tout usage, les journaux l'ont annoncée... la veille !" in Denis Seznec en page 142.
- Et puis cette histoire d'extrait d'acte de naissance délivré à Morlaix en date du 28 janvier 1923 qui est retrouvé dans la valise de Quémeneur au Havre. Histoire qui est longuement signalée par le journal "Le Petit Breton" du 2 décembre 1923.
Reprise dans l'Ouest-Eclair du 7 décembre 1923.
Et dont on n'entendra plus jamais parler après....
Je l'ai déjà écrit, c'est tout à fait normal de se promener tous les jours avec un extrait d'acte de naissance sur soi !
Par contre, cela fait partie des papiers absolument nécessaires si l'on souhaite entrer dans un Conseil d'Administration.
Et puis, après tout, après avoir lu le petit dernier de Skeptikos....
Si Quémeneur avait rendez-vous avec Vacquié,
pourquoi pas Meudon ????
Parce que La Queue-les-Yvelines / Meudon = 40 kilomètres.
Et Vacquié habitait à côté de la gare de Meudon (facile à repérer même de nuit...)
Oui, pourquoi pas ???
2/ Qui était le mystérieux "agent de renseignements" qui accompagne Jean Pouliquen et Louis Quémeneur dans leurs recherches à Paris ?
Chez Bernez Rouz, en note bas de page 87, il est écrit :
"Louis Quéméneur et moi nous nous sommes adressés à une agence de recherches dirigée par M. Delangle. Celui-ci nous accompagna Bd Malesherbes..." audition de J. Pouliquen par le juge Campion, le 30 juillet 1923."
J'ai une certaine tendance à penser qu'il s'agit plutôt là d'un certain "Delange".
Qui appartient à la Maison Poulaga.
Et qui a remplacé un certain Etlicher (cf coupure de presse jointe).
3/ Où ont été signées les toutes premières promesses de vente ?
Sûrement pas sur le coin d'une table dans un café de la rue de Siam avec échange de dollars rutilants. Surtout qu'il me semble avoir lu dernièrement que c'est le banquier Saleun qui rejoint Pierre pour l'apéro à l'Hôtel des Voyageurs de Brest.
Encore moins dans la voiture entre Brest et Lesneven.
Y'a vraiment des moments, où, dans l'affaire Seznec, ils nous prennent pour des dindes...
J'opterais volontiers pour Landerneau.
Et chez le gars Legrand encore.
Vu que Guillaume et Pierrot avaient justement rendez-vous en bas de chez lui (?) le mardi 22 mai au matin. Et que Guillaume lui a fait signer une traite.
Elles auraient été bien au chaud chez Legrand.
Surtout que je reste persuadée qu'il ya plus que connivence entre Legrand et Quémeneur dans l'affaire Cadiou. Plus que....
A un point tel que pendant un moment je me suis demandée si la folle recherche de fric de Quémeneur n'était pas dû à un chantage en rapport avec l'afffaire Cadiou justement.
Et puis ni l'un ni l'autre des signataires des dites promesses de vente n'avait peut-être envie de rapporter ces papiers-là chez eux.
4/ Qui sont les deux jobards avec qui Pierre Quémeneur prend l'apéro à Rennes le jeudi 24 mai au soir ?
Là, personne n'a écrit de livre à leur sujet.
Seul Bernez Rouz les évoque en sa page 69 :
"Il rejoint le conseiller général à la terrase d'un café où il discute avec des amis rennais. Cette scène rapportée par L'Ouest-Eclair du 8 juillet ne fera l'objet d'aucune recherche. Rares sont pourtant les personnes qui ont parlé au duo pendant leur équipée mystérieuse vers Paris. Aucune recherche ne sera entreprise non plus sur l'emploi du temps de Quéméneur à Rennes."
Et oui, juste un seul article où ils sont mentionnnés. Celui de L'Ouest-Eclair du 8 juillet 1923 (à lire ci-dessous).
Rappel : Le fils de Besseyre des Horts, Guy Jean Joseph Felix est né à Rennes le 14 juillet 1920. Et il est difficile de situer les adresses de son père Jean Besseyre des Horts entre 1920 et 1923.
Chez Bernez Rouz, en page 70 :
"Les deux hommes dînent ensemble à l'hôtel où ils ont leurs habitudes (ndlr ???). Le patron René Dupuis confirme qu'ils "devaient livrer l'auto amenée par Seznec le lendemain à Paris."
Encore un seul témoin pour causer dans le poste.
Voilà qu'il vend son fonds de commerce le 10 décembre 1925. Et que l'on s'aperçoit qu'il est marié avec une certaine Emélie Augustine Legrand. (cf annonce plus bas)
Pas une soeur de Julien Legrand, c'est vérifié.
Mais peut-être une cousine #oupas
Allez savoir....
5/ Pourquoi Pierre Quémeneur s'obstine-t-il à faire ce voyage avec Guillaume Seznec et dans une voiture pourrie ?
C'est pas très cohérent l'attitude de Pierrot. Telle que relatée par les témoins (vrais ou faux). Un coup il trépigne avec le Chaix en main (chez Hodey à Dreux) puis juste après il prend son temps pour aller boire un apéro place Rotrou avec le même Hodey dès qu'il en a fini de la réparation de la Torpédo.
Le lieu du rendez-vous n'était-il atteignable que par voiture (trop éloigné d'une gare) et là je rejoins la version de gélère d'un hangar avec quelques bagnoles du côté de Houdan.
Ou chez un banquier dans la même ville ??? Dans une ville proche ???
6/ Pourquoi la police n'a-t-elle jamais enquêté côté Bretagne : Morlaix, Brest, Quimper, Landerneau, Châteaulin ?
On a bien compris que le commissaire Achille Vidal nous faisait une fixette sur Houdan.
Mais c'était une fixette sur commande de ses supérieurs, hein ?
Faudrait pas encore ici nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
7/ Pourquoi l'instruction s'est-elle déroulée à Morlaix et non à Brest ?
Landerneau, le lieu du disparu, dépendait bien de Brest, non ?
Depuis quand est-ce le lieu d'habitation du suspect principal qui décide du lieu de l'instruction ?
A Brest, ils avaient déjà dû faire face à l'affaire Cadiou.
Oui, et alors ?
Ils ne pouvaient pas faire face à une autre instruction ?
Ou était-ce tout simplement plus facile à Morlaix car on ne peut pas dire que Guillaume Seznec y était particulièrement aimé !
8/ Le voyage de Guillaume Seznec à Paris le 2 juin 1923 est-il "un voyage sur commande" ou une initiative personnelle ?
J'opterais volontiers pour la première solution.
Parce que Gautier, il fallait le trouver, quand même....
Et puis, je me répète, je sais, mais Guillaume n'est plus du tout le même après le 2 juin.
Il agit des plus bizarrement.
La gare de Plouaret n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Il tient à se faire remarquer partout où il passe.
Lui si habile pour planquer des tas de choses, le voilà qui sème des petits cailloux blancs façon Petit Poucet pour qu'on le retrouve partout où il va. Et voilà aussi qu'il fournit des explications toutes plus abracadabrantes les unes que les autres pour justifier ses déplacements.
Il l'a mis sous perf de quoi Gautier ???
N.B. Garder en mémoire que Tarascon (Gautier) / Saint-Chaptes (Vidal) = 50 kilomètres.
Des pays, quoi !!!!
Ah ! La terre natale, ça rapproche les hommes quand même...
9/ La lettre de Pouliquen a-t-elle vraiment été réclamée à la poste du boulevard Malesherbes ? Et si oui par qui ? Et quand (26 mai ou 2 juin) ?
Pouliquen, il nous en fait des tonnes.
Mais pourtant il met opposition sur son chèque dès le 4 juin.
Et il le récupère le 20 juin.
Alors, il est où le problème ?
On peut en rajouter des questions si vous vous sentez de participer, isn't it ?
Mais vous remarquerez que le nom qui revient le plus souvent c'est...
C'est....
Et bien c'est Pouliquen !
Liliane Langellier
Pièce Jointe: retranscription de la perquisition de Ker Abri le 29 juin 1923
Procès-Verbal de transport
L'an 1923, le 29 juin, nous soussignés, Ernest Binet, juge d'instruction à Brest, accompagné de M. Guilmard, Procureur de la Répubique, et assisté de M. Kusdetunen, greffier d'instruction, déclarons nous être transportés à la villa Kérabri, propriété de M. Quéméneur, sise à Landerneau, à l'effet de procéder à une perquisition tendant à rechercher toutes pièces, documents, pouvant servir à la manifestation de la vérité, dans l'information ouverte, à l'occasion de la disparition du sieur Quémeneur, survenue dans des conditions suspectes et de nature à faire supposer un attentat criminel.
Arrivés à 9 heures du matin à la Villa Kérabri, nous y avons été reçus par M. Pouliquen, notaire à Pont-l'Abbé, beau-frère de M. Quémeneur, et M. Quémeneur Louis, frère du disparu.
Après leur avoir fait connaître le but et l'objet de notre visite , ces messieurs nous ont introduit dans le bureau de leur beau-frère et frère, sis au rez-de-chaussée de la villa Kérabri.
Avant de procéder aux opérations qui déterminaient notre visite, nous avons remarqué, tant sur le bureau de M. Quémeneur que dans les casiers ou armoires diverses qui garnissaient le local, un désordre manifeste : des papiers, documents divers, registres, agendas, étaient, pêle-mêle, répandus un peu partout.
Avec l'assistance de M. Cunat, commissaire de police mobile à Rennes, M. Legall inspecteur de police également à Rennes et M. Lesetre, inspecteur de la Sûreté générale, attaché au service des recherches judiciaires, nous avons procédé à l'examen minutieux du bureau de M. Quémeneur, des tiroirs de sa table de travail, des casiers adhérant au mur de la pièce servant de cabinet de travail, ainsi que du coffre-fort s'y trouvant.
Nous remarquons tout d'abord l'absence de toute comptabilité régulière : nous ne rencontrons ni livres de commerce, ni copies de lettres ; seulement quelques agendas relatifs à un négoce de vins ou de bois remontant à des années antérieures et dans lesquels on ne saurait remarquer aucune indication utile à l'affaire en cours actuel.
Toutefois nous saisissons divers documents pouvant présenter un intérêt quelconque que nous plaçons sous scellés numérotés 1. 2. 3. 4. et 5, après les avoir revêtus de notre cachet et qui se réfèrent :
Le n° 1 à des tractations de voitures automobiles
Le n° 2 à des projets de vente de la propriété Traou-Nez
Le n° 3 à des correspondances diverses, types de signature Quémeneur, photographie et livret militaire du disparu
Le n° 4 comptes de Quémeneur à la Société Bretonne ; carnets de chèques divers
Le n° 5 dossier de Jaegher.
Il convient d'observer que dans les investigations auxquelles nous avons procédé, il nous a été impossible de découvrir une trace quelconque de correspondance échangée entre Quémeneur, Seznec, et l'Américain dit Schardy ou Charling.
Après avoir minutieusement inventorié le bureau de M. Quémeneur, nous avons parcouru successivement les différentes pièces composant l'appartement du dit, notamment sa chambre à coucher, et les armoires ou meubles la garnissant. Nous n'y avons rien découvert.
Nous ajoutons que, notamment, ni dans le coffre-fort, ni dans les tiroirs des meubles, nous ne trouvons aucune somme d'argent, ni espèces, ni billets, ni dollars.
Le coffre-fort contient des reconnaissances de dettes, pour des sommes importantes, souscrites au profit de Quémeneur par différents membres de sa famille, et pour plusieurs centaines de mille francs.
En foi de quoi nous avons signé le présent procès-verbal de transport, avec M. Guilmard, Procureur de la République, Kusdetunen, greffier, Cunat, commissaire de police mobile à Rennes, Le gall, inspecteur de police mobile à Rennes, et Lesetre, inspecteur au Contrôle général des Recherches à Paris.
Landerneau, le 29 juin 1923.
Je ne l'ai pas retranscrit "pour faire joli" ou pour "garnir un peu mon article" ce procès-verbal, mais juste parce que deux choses m'intriguent :
- les policiers emportent le dossier de Jaegher,
- les reconnaissances de dettes trouvées dans le coffre-fort concernent différents membres de la famille de Pierre Quémeneur et "pour plusieurs centaines de mille francs".
A votre réflexion.
Rennes 14 juillet 1920 : Naissance de Guy, fils de Jean Besseyre des Horts, fondé de pouvoir de banque à 23 ans....